Multi Tool Holder à Rotule

Multi Tool Holder à Rotule

Evolution du MTH Porte Stylo/Crayon

 

Lors de la livraison de notre premier MTH dédié à l’écriture, il est apparu que notre méthode de positionnement du stylo n’était pas forcément celle souhaitée par le porteur de la prothèse.

Chaque personne qui écrit ayant ses propres habitudes, il faut donc concevoir un MTH qui s’adaptera sans besoin de concevoir un nouveau support.

Nous nous sommes inspirés des support de GPS à rotule que l’on ventouse sur nos pare-brises.

Aussitôt dit, aussitôt fait, le cahier des charges est simple à rédiger :

  • reprendre le manchon porte stylo existant
  • greffer une rotule sur le manchon
  • reprendre le socket (emboitement) et greffer une vis auto-serrante sur la rotule.

Design

 

Suivant notre environnement de développement, notre design est open source, consultable via l’application en ligne Onshape à l’adresse suivante : https://cad.onshape.com/documents/a8c6f5401b2ae5574858ee9a/w/103408f60b9c74886ceb3f5d/e/f94eb28f22ddfaab4354a469

Le dossier peut être également trouvé avec la fonction Search (loupe) ciblant le domaine Public, avec la chaîne :  » team Gre-Nable.fr : MultiToolHolder« .

On découvre l’ensemble monté (assembly) tel que nous l’avons simulé, pour placer correctement les différents éléments.

 

et les designs des pièces constituant le MTH sont regroupés dans les PartStudio du répertoire « PenHolder_rotule« .

Comme d’habitude pour modifier le dossier, il faudra au préalable en faire une copie dans votre espace personnel, dossier que vous pourrez ensuite modifier à souhaits, notamment pour adapter le MTH à votre emboitement cible.

 

Le Socket (emboitement)

Cet élément est l’héritage d’un autre développement que nous avions décrit dans notre article : https://www.gre-nable.fr/creation-dun-multi-tool-holder/

A l’extrémité de ce socket il faut créer puis « souder » un filetage qui permettra de serra la rotule.

 

Construction d’un filetage

Il s’agit de réaliser un cylindre, dont la périphérie sera creusée (extrusion avec enlèvement de matière – extrude remove) d’un profil triangulaire correspondant au filet, suivant un chemin hélicoïdal, image de la vis.

Etape #1

Le profil en triangle (jaune) dont le plan de construction est normal au chemin hélicoïdal, va définir un volume qui sera retiré de l’enveloppe cylindrique de la vis.

Etape #2

Extrusion du cylindre complet de la vis, puis extrusion (remove) du profil du pas de vis suivant le chemin hélicoïdal.

Etape #3

On creuse l’intérieur de la vis pour y insérer la rotule, puis on « conifie » le début de la vis pour permettre un effet de serrage (l’écrou aura une conification inverse).

Etape #4

On fragilise la vis avec 8 fentes pour créer des lamelles un peu souples qui emprisonneront la rotule lors du serrage.

Etape #5

Enfin, on assouplit la base de chaque lamelle pour faciliter la flexion et le serrage autour de la bille.

Impression

Impression du socket

Le socket ayant une forme complexe, pour assurer l’impression d’un filetage de qualité, l’impression se fera verticalement, l’ensemble reposant sur la section plate de la vis en utilisant des supports pour conserver une apparence lisse du socket.

Pour s’assurer que le filetage soit correctement collé sur la surface d’impression, on utilise une astuce qui réside à l’éxistence d’une petite pièce plane extrudée (épaisseur = 2 couches) à partir du plan de fin du filetage. Cette pièce (trick) est exportée vers le slicer en même temps que le socket, donc c’est elle qui impose le collage de l’ensemble sur la plaque.

Impression du manchon

Toute la complexité de l’impression réside dans l’impression de la rotule qui est orthogonale avec l’axe du manchon.

Dans une première version, le manchon avait été imprimé en appuyant la section coupée de la rotule sur le plateau. Lors d’un essai avec un bénéficiaire, la section du raccord entre la rotule et le manchon s’est cassé suite à un essai de rotation du manchon sans dé-serrer l’écrou. Essai concluant de résistance des matériaux et de la capacité de serrage de l’écrou!.

Nous avons donc orienté l’ensemble pour que la rotule, le raccord et le manchon soient imprimés dans le même plan.

Simplify3D, génère des supports de qualité qui se décollent sans laisser de traces. L’expérience montre qu’une épaisseur de couche de 20/100ème génère une rotule suffisamment précise pour l’utilisation.

Impression de l’écrou

Quelques essais d’écrous en PLA ont mis en évidence la présence de frottements (PLA sur PLA) importants lors du dé-serrage ce qui rend l’utilisation moins aisée pour une personne n’ayant qu’une main valide.

Un essai avec du filament Iglidur, (fabriqué par Igus) réputé pour ses qualités de frottements réduits, confirme le choix. L’écrou sera donc en Iglidur (https://www.igus.eu/product/703), c’est cher mais on peut en demander quelques mètres en échantillon.

Par contre, l’impression n’est pas triviale, une température élevée pour la buse (260 à 265°C) avec un plateau à 70°C, et une vitesse d’impression faible (20 mm/s) comme pour du flex.

Impression des bouchons

Les stylos, crayons, pinceaux … ayant tous des diamètres différents, il faut donc imprimer un jeu de bouchons de diamètres différents, avec du filament flexible. Nous utilisons deux filaments : ninjaFlex et SmarFlex.

A partir d’un design paramétrable (paramètre  Pen_diameter dans le Part Studio ‘manchon_a_rotule‘), on exporte autant de bouchons que l’on veut pour constituer le jeu. Pour cette livraison, les diamètres choisis sont 9,5 mm, 8,5 mm, 8mm et 7 mm (crayon de papier courant).

et pour terminer, une coupe générale du MTH à rotule assemblé;

Le Multi Tool Holder en service.

Nathalie ré-apprend à se servir de sa main droite pour écrire, pour dessiner. Les réflexes vont revenir rapidement.

 

Afin que Nathalie puisse tenir des outils de plus petits diamètres, Patrick imprime et lui envoie quelques manchons encore plus petits que les précédents.

Et peu de temps après, nous recevons des nouvelles… et des photos : Nathalie s’est mise à peindre, cela faisait tellement longtemps qu’elle en rêvait ! Et on doit dire qu’elle se débrouille plutôt très bien …  

Nathalie peint

…  et immédiatement après la livraison, conception d’une nouvelle extension articulée !!

 

Le porte fourchette

Maintenant que la base est construite, il devient aisé de concevoir d’autres extensions articulées et spécialisées.

En repartant du concept de porte fourchette décrit dans un article précédent (www.gre-nable.fr/creation-dun-multi-tool-holder/) pour réutiliser et améliorer le bloc « coinceur » de fourchette, imprimé en flexible. La réalisation de cette extension a été très rapide.

On retrouve les primitives de conception dans le Part Studio ‘fourchette_a_rotule‘ du même dossier team Gre-Nable.fr:MultiToolHolder

A l’attention de tous les membres d’e-Nable France (Makers ou Demandeurs d’appareil)

Nos développements sont en open source, disponibles à tous pour être reproduits. L’adaptation de l’emboitement demande un peu plus de technicité qu’une simple compétence en impression. Mais, nous sommes là pour vous aider à acquérir cette compétence.

Soumettez-nous vos besoins et nous vous aiderons à réaliser votre MTH personnalisé. La seule petite contrainte, est que le design est trop complexe pour être réalisé avec le logiciel Openscad (surtout du fait de la forme non modélisable par simples primitives de l’emboitement).

Heureusement il existe une solution gratuite pour résoudre nos besoins, celle que nous maitrisons : l’application en ligne OnShape.com. Son usage n’est pas plus compliqué qu’appréhender Openscad. Prenez quelques minutes pour lire notre article ‘https://www.gre-nable.fr/pourquoi-team-gre-nable-utilise-onshape/’

 

Création d’un Multi Tool Holder

Création d’un Multi Tool Holder

Comment créer un MultiToolHolder (MTH) ?

 

But :

L’objectif final de ce développement est l’obtention d’une emboîture sur laquelle pourra se fixer et s’orienter un support de couverts (par exemple). Les formes et dimensions de l’emboîture dépendent évidemment de la morphologie de la personne concernée, et la position du support d’outil dépend de l’usage qu’elle souhaite en faire. Le modèle proposé ici sera orientable autour d’un axe, et maintenu par un système magnétique rendant cette orientation aisée. Noter que nous travaillerons dans le logiciel Onshape. Vous avez donc besoin pour suivre ce tuto, si vous n’avez jamais utilisé Onshape, de créer un login sur https://www.onshape.com/ (en haut à droite « CREATE ACCOUNT »). Vous accéderez ensuite aux modèles à l’adresse https://cad.onshape.com/ . Dernier détail, ne soyez pas surpris, la plupart des termes utilisés dans le modèle sont en anglais, ceci dans le but de faire par la suite une version anglaise de ce tuto.

Etape 1 : Création de emboîture à partir du scan 3D :

Nous supposons partir d’un modèle B-rep (format STEP par exemple) de main résiduelle (incluant en général une partie de l’avant-bras…) obtenu à partir d’un scan 3D, par exemple selon la méthode décrite ici : https://www.gre-nable.fr/adapter-une-emboîture-pour-une-prothese/ Dans notre exemple, ce modèle avait l’aspect suivant :

Scan de l’avant bras

En utilisant Onshape, rechercher : e-Nable_MultiToolHolder_socket_template_PM (en faire une copie qui sera éditable par vous)

  • Dupliquer le studio « socket_XXX »
  • Le renommer « socket_someone ». (vous pourrez évidemment remplacer « someone » par le nom de votre bénéficiaire !!)
  • Importer le modèle issu du scan du bénéficiaire.
  • Un nouveau studio est créé, nous l’appellerons « Import_hand_someone ».

  • Dans socket_someone, faire un clic droit sur la feature « #Insert_here_the_derived_forearm » et « Roll to here« . Notez qu’à chacune des étapes ci-dessous, nous aurons à progresser dans cette liste de features par la même fonction « Roll to here » afin d’affecter chacune des opérations à la nouvelle géométrie.
  • Créer une nouvelle pièce dérivée , sélectionner le modèle contenu dans le studio Import_hand_someone. Nous le nommerons ici « new_hand ». Valider .

  • Avancer à l’étape suivante par un «Roll to here» sur Forearm_midplane, et éditer ce plan.
  • Redéfinir les 3 points du Forearm_midplane en sélectionnant des points de new_hand. Ce plan doit être à peu près orthogonal à l’axe de pivot du poignet.

  • Repositionner et orienter la Hand_centerline : le point de droite (ici 80 et 87 de l’origine) définira approximativement le plan de coupe de l’emboîture côté poignet, qui sera orthogonal à la ligne sélectionnée (orange). [la position du plan de coupe final sera probablement un peu plus à gauche (équivalent à 81mm par exemple sur ce cas) nous verrons plus loin la raison de cette découpe supplémentaire]. Ne coupez pas trop court (même si sur cet exemple l’emboîture est particulièrement courte car la paume résiduelle est petite) vous pourrez recouper si besoin lorsque toutes les opérations seront terminées, avant d’imprimer. L’emboîture doit être suffisante pour garantir un bon maintien de l’outil, mais pas trop longue pour ne pas gêner la flexion du poignet.

  • Le « hand_plane » contient la « hand_centerline », et est perpendiculaire au « Forearm_midplane ». Il devrait contenir (à peu près) l’axe de flexion du poignet. Vous n’avez pas à le modifier (normalement).

  • Le « Wrist_cut_plane » est normal à la « hand_centerline » et passe par l’extrémité de cette ligne côté poignet. Vérifiez si ce plan de coupe correspond à vos attentes, sinon vous pouvez modifier les dimensions dans l’esquisse « hand_centerline ».

  • Editer la feature split_hand et sélectionner le bras. Cette opération découpe le modèle au niveau du poignet par le Wrist_cut_plane. On obtient deux Parts portant le même nom.

  • Masquer la part représentant l’avant-bras pour conserver visible la part constituant la main sur laquelle nous allons poursuivre le travail.

  • Editer « Offset surface1 », Si la liste de sélection n’est pas vide (champ liste sur fond bleu), vider la sélection en cliquant dans cette fenêtre puis en appuyant sur la touche clavier [Espace]).
  • Sélectionner toutes les faces de la main : Pour cela Create selection , Protrusion, sélectionner l’objet, cliquer Add selection et fermer la fenêtre Create selection. Dé-sélectionner la face plane de découpe en re-cliquant dessus. Le décalage de 5mm est calculé automatiquement à partir des variables #Hand_gap (3mm par défaut) et #Socket_thickness (2mm par défaut) disponibles en début de la liste de features. #Hand_gap correspond à l’épaisseur pour la mousse de confort et #Socket_thickness à l’épaisseur de matière pour l’emboîture. Adaptez ces valeurs si vous le souhaitez : il suffit de modifier les variables. Vous pourrez aussi les modifier plus tard.

  • Remarquez que cet offset (décalage normal aux surfaces) a construit une ligne limite de surface non plane. Editer le « Plane_to_cut_properly » de telle manière qu’il intersecte tout le contour du poignet. C’est ici que nous allons perdre 1 à 2 mm par rapport au plan de coupe défini en début de notre démarche.

  • Dans « Split_get_a_planar_contour », sélectionner la surface décalée qui va être découpée par le plan afin d’obtenir un contour limite plan.
  • Dans la liste des surfaces, vous pouvez masquer, ou même supprimer la petite couronne devenue inutile.

  • Editer « Fill the face & make solid », vider si besoin la liste de sélection (barre d’espace), et sélectionner les éléments du contour un à un. La case « Merge with all » doit être active, afin que la nouvelle face plane soit fusionnée avec les autres surfaces pour constituer un volume fermé.

  • Une nouvelle Part apparaît dans la liste. Je la nomme « socket ». Il n’y a plus de surface dans la liste.
  • Les opérations suivantes permettent, si nécessaire, d’augmenter un peu le passage pour la main à l’entrée de l’emboîture, au niveau du poignet.

 

Etapes optionnelles : élargissement du passage de poignet

 

  • L’esquisse « Enlarge wrist_place » est dessinée dans le plan « Plane_section_enlarge_wrist » qui est reculé et incliné en se basant sur « sketch pivot line ». Cette ligne de pivot peut être adaptée à volonté ainsi que l’inclinaison du plan afin que l’esquisse se place pour le mieux et que l’ajout de matière intersecte entièrement la « socket ». La forme de cet ajout de matière peut être adaptée en manipulant les points extrémités, le point intermédiaire, et les tangences de la courbe (points sélectionnés sur la figure ci-dessous).

  • L’extrusion « enlarge_wrist_place » se prolonge suffisamment pour pénétrer complètement dans la socket, et en « second end position » commence sur la face plane de la socket.

  • Arrondir la jonction grâce au Fillet (se calcule automatiquement, mais il peut être nécessaire de re-sélectionner l’arête).

Fin des étapes optionnelles

 

  • Evider la socket grâce au make_socket_shell, en sélectionnant la face plane à creuser. Je choisis ici une épaisseur de 2mm, à adapter selon vos préférences, et en cohérence avec le décalage de surface (5mm ci-dessus) défini précédemment.

  • Vous êtes parvenu jusqu’ici ? Bravo, la création de l’emboîture est terminée !!!

 

Etape 2 : Jonction du MTH sur emboîture :

 

  • Dupliquer le studio « Base_XXX » et nommer la copie « Base_someone ».
  • Dans le studio « Base_someone», faire si besoin un « Roll to end » pour se placer en fin d’arborescence après « #end_of_tool_holder_base ». Seules les pièces du Multi tool holder sont présentes.

  • Créer un nouveau Assembly nommé « Assembly_someone »

  • Passer dans l’onglet « Assembly_someone », et y insérer la socket précédemment créée. (Eviter de cliquer la souris dans la zone graphique, afin que l’objet se place automatiquement dans sa position d’origine).

    • Faire un clic droit sur la socket et sélectionner « fix » afin de figer la position dans le référentiel de l’assemblage.
    • Insérer tout le contenu du part studio « Base someone ».

    • Sélectionner et grouper les 8 objets issus de la dernière insertion. Ils se déplaceront ainsi ensemble.
    • Sélectionnez un de ces objets pour faire apparaître les manipulateurs, et déplacez (translations et rotations) le Multi tool holder (groupé) dans la position souhaitée par rapport à la socket.

Dans notre cas, il s’agit de positionner un couvert (fourchette ou cuiller principalement). Une entrevue préalable avec la bénéficiaire lui a permis de définir sa position espérée pour l’outil. C’est cette position que nous essayons de reproduire ici.

    • Le cône du « magnet_container » devrait entièrement intersecter la surface extérieure de la « socket ». Dans le cas contraire, vous devrez peut-être prolonger un peu ce cône vers le bas avant d’effectuer la découpe (opération booléenne) suivante. Dans ce cas, effectuez l’opération optionnelle ci-dessous…

    • Opération optionnelle: Passez dans le studio « Base_someone », et tirez de quelques mm les faces inférieures de « steel_plate_tool » et de « magnet_container », à l’aide de la fonction « move_face »

    • Vous pouvez éventuellement masquer tous les objets sauf le « magnet_container » et la « socket ».
    • Si nécessaire pivotez l’ensemble pour que le côté avec les dents « rognées » du magnet container soit proche de la base de la socket. (en fait l’objectif est ici que cette partie soit vers le bas lors de l’impression pour faciliter la construction sans support)

    • Par un clic droit sur le magnet_container, sélectionner « Edit in context ». On bascule alors dans le studio « Base_someone » en présence « fantôme » des autres pièces de l’assemblage que l’on va pouvoir utiliser (cette manip fait partie de la « magie » de Onshape 🙂 elle rend bien des services lors du travail sur des assemblages, il est possible de définir plusieurs contextes d’usage pour une même pièce, et je vous conseille d’approfondir le mode Edit In Context si vous souhaitez faire des modélisations complexes avec ce logiciel).

  • Par une opération booléenne (substract) découper le magnet_container par la socket. Sélectionner « keep tools ». Je nomme cette opération «cut_container_by_socket». Noter que lors de la sélection la socket est vue comme «Part of context 1».

  • Nous avons maintenant, dans la liste de Parts, deux « magnet_container ». Il est bon de détruire (delete) celui qui est situé à l’intérieur de la socket et ne nous sera pas utile, afin d’être certain de conserver le bon morceau dans notre assemblage.
  • Noter aussi qu’est apparue, au-dessus de la fenêtre Features, une liste de contextes. On pourra donc revenir dans le contexte où ces opérations ont été faites si besoin. Un contexte peut aussi être mis à jour (menu déroulant) afin de recalculer les opérations associées après un changement de position des objets dans l’assemblage par exemple.
  • Par une 2e opération booléenne, découper le « magnet_container » par le « steel_plate_tool » (avec « Keep tool » car le « steel_plate_tool » nous resservira juste ci-dessous).

    • Revenir dans l’assemblage :
    • Clic droit sur la socket, « Edit in context » nous amène dans « socket_someone » en présence fantôme du multiTool holder.
    • Découper (Boolean, Substract) la « socket » par le « steel_plate_tool ». (Si un morceau de socket résiduel apparaît, le détruire).

    • Revenir à l’assemblage (barre jaune, Go to assembly)
    • Clic droit sur le « magnet_container », « Edit in context » (un « Context 2 » est créé)
    • Créer une dernière opération booléenne pour fusionner (Boolean, Union), le « magnet_container » et la socket.

    • Il est bon de mettre un congé (fillet ) confortable autour du support d’outil…

  • Nous obtenons enfin l’emboîture sur laquelle pourra se fixer le Multi tool holder  !

Dernières étapes : impression puis assemblage avec les aimants, plaques acier, etc.

La liste des pièces nécessaires à cet assemblage (voir figure) :

  1. Socket (ou magnet_container selon le renommage qui a été effectué ci-dessous puisque ces 2 pièces sont finalement fusionnées)
  2. Revolver (la pièce dont la rotation est réglable)
  3. Tool_holder (qui permettra d’insérer la fourchette ou un autre couvert)
  4. Metal_sheet_locker (x2) (petites pièces pour maintenir la feuille d’acier mince)
  5. Steel_sheet (la feuille d’acier mince venant se poser sur les aimants)
  6. Magnet (x2) (les aimants néodyme)
  7. Steel_plate (tôle d’acier plus épaisse qui aide à maintenir les aimants dans leurs logements)
  8. Adhésif double faces

Impression :

Les pièces (1) et (3) doivent être imprimées en matériau flexible TPE (dureté Shore 85A environ). La pièce (2) peut être imprimée en PLA ou ABS ou tout autre matière rigide. Les pièces (4) peuvent être imprimées en matière semi-rigide (TPU shore 95A par exemple) ou rigide (ABS, PLA, Nylon, PETG…).

Aimants et plaques acier :

Les aimants (6) sont des aimants néodyme de dimension 5x10x20mm. J’ai utilisé ceux-ci . Si vous souhaitez utiliser des aimants légèrement différents vous pouvez modifier les dimensions dans le modèle Onshape, dans l’onglet « base_someone » à partir de l’esquisse « Magnet_places ». Notez que des modifications plus importantes (remplacer par un aimant disque par exemple) sont possibles mais nécessiteront peut-être des modifications plus profondes car certaines entités construites s’appuient sur les bords des logements d’aimants rectangulaires). La steel_sheet et la steel_plate sont des plaques d’acier magnétique (pas inox par exemple) qui peuvent être découpées avec une cisaille manuelle. La force de maintien magnétique des aimants étant directement liée à l’épaisseur de la plaque utilisée, il est conseillé que la steel_sheet (qui constitue la liaison devant être séparable aisément) soit plus fine que la steel_plate (qui maintient les aimants en place dans l’emboîture). J’ai utilisé une plaque de 0.8mm d’épaisseur pour la steel_plate (un morceau de plaque de cuisson de four, trouvé dans une décheterie), et environ 0.35mm pour la steel_sheet (découpé dans une boîte de Ricoré (!)). Afin d’assurer un maintien efficace des aimants dans leurs logements, on peut compléter l’action magnétique de la steel_plate par du ruban adhésif double faces mince placé autour de chaque aimant, au contact du magnet_container (une colle restant souple doit aussi pouvoir être utilisée).

Tissu de confort :

Afin d’assurer un maintien ferme mais confortable de l’emboîture sur la main, j’utilise un tissu ou une mousse, de 3mm d’épaisseur environ. L’utilisation d’une épaisseur différente peut nécessiter de modifier la variable #Hand_gap dans le studio « socket_someone ». Certains makers utilisent une feuille de mousse EVA, facile à trouver en magasin d’art créatifs, d’autres utilisent du néoprène (trouvé en magasins de sport au rayon plongée je crois), personnellement j’utilise du « tissu 3D » dont un ami orthopédiste m’a fourni quelques chutes. Ce tissu dispose d’une couche en éponge agréable au toucher et qui absorbe bien la transpiration. Je n’ai malheureusement pas encore trouvé de fournisseur qui en vendrait en faible quantité à un particulier L. Afin de préparer un « gant » en tissus qui fera l‘interface entre la main et emboîture, j’imprime un modèle de la main en PLA, puis j’enroule et je découpe puis couds le tissu sur ce modèle. On obtient ainsi un gant parfaitement adapté, qui couvrira bien la main sans faire de pli.

Utilisation du modèle de main imprimée pour la préparation du gant en tissu 3D.

Résultat en mode porte-fourchette

La fourchette positionnée « au dessus » de la main nous avait inquiété un peu, même si cette configuration avait été demandée par la bénéficiaire lors d’une réunion préalable. Mais finalement, elle adopte l’outil dès les premières secondes. Le geste lui semble naturel.

 

Perspectives complémentaires…

Une construction similaire, sur la même base de socket fusionné avec un autre objet, devrait permettre d’adapter divers outils spécifiques dédiés à certaines activités. Jetons quelques idées (liste à étendre selon les besoins !) :

  • Un support de stylo (voir ci-dessous),
  • Un clip semi-rigide prévu pour se clipser sur un guidon de vélo afin d’avoir un bon maintien tout en assurant une extraction facile en cas de chute (voir ci-dessous),
  • Un clip similaire mais avec une autre orientation pour tenir un bâton de marche,
  • Un support de roulette à pizza (merci Thierry pour la suggestion),
  • Une fourche-pince sans articulation mais légèrement flexible permettant de tenir un jeu de cartes,
  • … ?

Il s’agit donc de modéliser divers outils, puis de les fusionner avec une « socket » adaptée pour la personne concernée. Les modèles ci-dessous sont entièrement imprimés en TPE (Ninjaflex en l’occurrence) et sont dimensionnés pour laisser la place à 3mm de tissus3D entre la main et l’emboîture, ceci pour un confort maximum.

Support de stylo

Clip de guidon

Support de stylos avec son ensemble de manchons

Clip pour tenir un guidon de vélo.

Résultat en mode porte-stylo

Le premier essai avec un stylo a laissé la bénéficiaire hésitante et mal-habile pendant 30 secondes, l’écriture était difficile. Puis nous avons changé de stylo, pour un modèle muni d’une pointe glissant mieux sur le papier… et le système fut adopté à une vitesse impressionnante, amenant une dextérité que nous n’avions pas espérée (voir la vidéo ci-dessous). Depuis, cette personne a retrouvé un emploi, dans lequel elle a besoin de prendre des notes à la main, ce qui est finalement plus simple pour elle que d’utiliser un clavier !

Porte-stylo en action (voir vidéo ci-dessous)

Gantelet comme un bracelet de joaillerie

Gantelet comme un bracelet de joaillerie

ntelet

Si le gantelet (gauntlet) traditionnel associé aux mains des versions Raptor et Phoenix, avec le module de réglage sur la surface supérieure pour intégrer les logos, plait aux enfants, on peut comprendre que les adultes recherchent des gantelets plus discrets et plus faciles à enfiler dans les manches de chemise.

gantelet monté sur la version 1 de la main « Nathalie release »

Redessiner un gantelet en CAO va de plus permettre d’autres développements collatéraux qui nécessitent des liens forts avec cette pièce de maintien :

  • Adaptation fine de la forme du gantelet à celle du poignet et des son avant bras,
  • Intégration du système de réglage de la tension des câbles à l’intérieur de l’épaisseur du gantelet,
  • Redéfinition du système de palonnier pour le tirage des câbles,
  • Base du cliquet utilisé pour le wrist lock system (voir l’article dédié),
  • Articulation du poignet avec 2 ou 3 degrés de liberté (bientôt publié).

Parmi les choix techniques associés à cette redéfinition du gauntlet, nous avons opté pour :

  • Utilisation du logiciel de CAO « Onshape » (notre outil de référence)
  • Une impression en forme (et non pas à plat) qui nécessite d’utiliser des supports
  • Une forme de base du gauntlet généré à partir de splines (lignes vectorielles de type courbes de Bezier)
  • Un paramétrage par variables, dans le modèle Onshape, pour adapter les cotes du gauntlet à celles de la paume. En théorie (car nous n’avons pas encore eu à le faire), le gantelet est compatible avec une main Phoenix.

Donc nous sommes partis d’une feuille blanche (de CAO) avec pour mission de créer un gantelet

  • Donc la largeur des oreilles au niveau de la paume soit identique à un gantelet traditionnel
  • De recevoir les 5 fils tensionneurs des doigts
  • D’intégrer un palonnier (whipple tree) avec 2 vis de réglages (1 pour le pouce, 1 pour le palonnier des 4 doigts)
  • D’insérer tout le système dans l’épaisseur du gantelet.

Le résultat est à la hauteur des espérances, il est testé et en service avec une parfaite adéquation avec le besoin.

Impression

Compte tenu de notre souhait d’adapter la forme du gatelet à la morphologie du porteur, le thermoformage d’un gauntlet imprimé à plat n’a pas été retenu. Nous avons fait un essai qui a vite mis en évidence une trop grande complexité pour un résultat médiocre.

Les tranchages de notre gantelet avec supports à l’aide de Cura tel que le montre le gantelet gris à gauche (Cura est gratuit) ou de Simplify3D, à droite en PLA blanc (licence) donnent de très bons résultats. Evidemment la durée d’impression est plus longue, mais la qualité du résultat récompense l’effort.

Cerise sur le gâteau, après ponçage, peinture au spray, et vernissage (vernis spray véhicule), le gauntlet peut être porté comme un bracelet.
Wrist Lock System : Soulager la flexion du poignet

Wrist Lock System : Soulager la flexion du poignet

Expression du besoin:

Par essence, la tenue d’un objet dans une main e-nable (Raptor ou Phoenix) est assurée par la position abaissée du carpe du porteur de prothèse. Nous avions identifié que cette pression vers le bas, nécessaire pour maintenir la main en tension pouvait être fatigante au bout d’un certain temps.

Lors du retour d’expérience après la livraison de notre main pour Nathalie (voir le post), il était évident qu’il fallait trouver une solution pour soulager les muscles de la main appareillée.
Nathalie est une adulte ayant subi une amputation de sa main droite (au-dessus de son poignet) suite à la contraction d’une maladie nosocomiale. Après avoir contacté E-nable, elle a été équipée par une première prothèse à sa mesure. Cependant, l’utilisation récurrente et prolongée de sa prothèse – pour tenir des couverts, son sac à main, ou faire du vélo – génère une fatigue musculaire importante.

Le besoin / la démarche :

Il est donc nécessaire que la prothèse puisse garder la main verrouillée sans que cela n’entraine la contraction prolongée du poignet. En outre, cela ne doit pas l’encombrer davantage ou ajouter du poids et rester facile d’utilisation.

Différentes solutions furent envisagées pour maintenir les câbles de tension des doigts bloqués en traction sans réellement être convaincantes. La problématique fut inversée en cherchant comment la main pouvait être en position abaissée (et stable) sans besoin de maintenir l’effort de flexion du poignet. C’est ainsi qu’un schéma de principe a été validé, suivi d’un « proof of concept » (POC) réalisé hors du contexte paume-gauntlet.

Idée de base pour le maintien d’un main en tension, avec une roue dentée et un cliquet.

Pour valider l’idée, un proof of concept a été rapidement conçu en CAO et imprimée dans le week-end. La paume et le gauntlet sont simulés par les sous ensembles imprimés en bleu.

Proof of concept, tout en impression avec du PLA

Toute la CAO est réalisée avec l’application en ligne « OnShape » pour les nombreux avantages énumérés ici.

Design : Première version

Le POC ayant démontré la validé du concept, par itérations successives, nous nous sommes donc inspirés du système de roue à rochets pour arriver à cette première version :

Première version du « Wrist lock». A gauche en position ouverte. A droite en position fermée

 

Design

Côté cinématique : la came du levier, comme dans la version finale, permet de relever le cliquet vers la position ouverte quand le levier est basculé à droite. La came se positionne alors dans un indent dessiné sur le cliquet. Le ressort flex, imprimé en filament Ninjaflex, est comprimé, pour verrouiller la position ouverte. Quand le levier est basculé à gauche, le ressort se détend et abaisse le cliquet. Il maintient également le contact entre le cliquet et la roue dentée lors de la rotation du poignet, en se comprimant et se relâchant alternativement.

Côté matériau, nous avons commencé par des tentatives d’impression des roues dentées et cliquets en PLA et iGlidur (IGUS), puis finalement les risques d’usure nous ont amené à considérer d’utiliser des pièces en métal (Alu/Acier) pour supporter les efforts générés par un adulte (typiquement, les vis auto-perforantes utilisées pour fixer la roue dentée dans la paume ont rapidement pris du jeu et ont été remplacées par deux vis-écrous). Elles se déforment trop quand elles sont imprimées avec du filament classique (PLA, ABS, PETG). De plus, les dents de la roue dentée et la pointe du cliquet présentent une usure rapide sous l’action des efforts à chaque passage de dent. La roue dentée a été achetée chez un spécialiste et le cliquet a été usiné en interne avec une CNC DIY d’un camarade de notre hackerspace. Néanmoins, les efforts étant sensiblement réduits par les modifications présentées plus loin, un « wrist lock system » complètement imprimé en 3D serait peut-être envisageable pour un enfant.

Observations après impression et assemblage

Après assemblage, le système tel qu’imaginé fonctionne sans encombre. Cependant, nous avons pu observer que le ressort flex commençait à se plastifier (rester déformé après avoir été comprimé), surtout à cause de la position ouverte, qui le comprime de façon prolongée. De même, la came, en plastique, s’use rapidement au passage de l’indent, en métal.

Il faut alors repenser ces deux éléments pour fabriquer un système pérenne. L’objectif est d’éviter l’usure de la came et la perte d’élasticité du ressort.

Seconde version

Pour la seconde version, l’introduction d’un ressort de torsion permet de résoudre les deux inconvénients observés dans la première version :

Seconde version du « Wrist lock system ». A gauche, la came et le ressort flex sont remplacées par un ressort de torsion. Ce ressort relie le levier au cliquet. Il abaisse le cliquet et le maintient en contact avec la roue dentée quand le levier est basculé en position fermée. Il relève également le cliquet quand le levier est basculé en position ouverte. A droite, ce ressort a été dessiné sous Onshape avec la fonction Helix.

Design

Nous nous sommes d’abord attaqués au problème d’usure de la came. Cette usure provient du frottement entre la came du levier et l’indent du cliquet, nécessaire pour passer le levier de la position fermée à ouverte. Ces deux éléments ont donc été supprimés au profit d’un ressort de torsion. Celui-ci est imprimé avec le levier et s’emboite dans le cliquet. Ainsi, les deux pièces sont reliées et le cliquet peut passer de la position fermée à ouvert quand le levier est basculé à droite, sous l’action de ce ressort.

Ensuite, quand le levier est basculé à gauche vers la position fermée, le ressort entraine aussi le cliquet. De même, il maintien le cliquet en contact avec la roue dentée pendant la rotation du poignet. La partie basse du cliquet de la version #1 n’est plus utile et est donc supprimé.

Le gros atout de ce ressort de torsion en comparaison du ressort de compression précédent est que, grâce au mouvement de son point d’accroche sous le levier, il génère des efforts très faibles, vers le haut pour maintenir le cliquet hors de la roue en position ouverte, et vers le bas pour ramener le cliquet en appui sur la roue en position fermée. Ces efforts faibles limitent les risques de rupture et d’usure dans toutes les situations.

Observations après impression et assemblage

Après assemblage, le système tel qu’imaginé fonctionne à nouveau sans encombre. Cependant, nous nous sommes rendu compte que le ressort ne génère pas assez d’effort pour relever le cliquet quand celui-ci est en appui « sous une dent » de la roue dentée. De même, en position fermée, lors de la rotation du poignet, la roue dentée touche le ressort et l’abîme.
Il faut alors apporter quelques ajustements finaux.

Version finale et finitions

Dans sa version finale, les positions des cliquet et levier sont éloignées de la roue dentée de quelques millimètres pour éviter le contact en le ressort et la roue dentée. La came de la version #1 est également réintroduite pour aider à relever le cliquet (l’extraire des dents de la roue) quand le levier passe en position ouverte. Le ressort de torsion prend alors le relais pour conserver cette position :

Version finale du « Wrist lock system ». La came est réintroduite mais cette fois uniquement pour relever le cliquet de la position fermée à ouverte. Le ressort de torsion verrouille ensuite la position ouverte pour ne pas user prématurément la came.

Après assemblage, cette version est adoptée.

Finitions

Une fois le design fonctionnel validé, deux finitions sont apportées :

  • Une rondelle sur la roue dentée pour protéger Nathalie de tout contact avec les dents
  • Un capot amovible pour ne laisser que le levier d’apparent.

Finitions apportées à la version finale du « wrist lock system ». A gauche : une protection pour éviter tout contact avec la roue dentée. A droite : un capot amovible pour ne laisser que le levier d’apparent.

Génèse d’un Freindex

Génèse d’un Freindex

Qui est Baptiste, et quel est son besoin ?

Lorsque nous avons découvert les photos de la main de Baptiste via les coordinateurs de e-Nable.fr, nous nous sommes demandés ce que nous pourrions faire pour ce jeune adulte (entre 25 et 30 ans). Baptiste est atteint d’agénésie à la main gauche, mais il possède tout de même un pouce parfaitement fonctionnel, une phalange à l’index et au petit doigt. Par contre, majeur et annulaire sont très atrophiés.

Il se débrouille parfaitement dans la vie courante avec sa main droite et ses capacités de préhension de la gauche, et il n’a jamais ressenti en presque 30 ans le besoin de se faire appareiller avec une prothèse de main. Il est par ailleurs évident que les prothèses « habituelles » de e-Nable (faites pour des personnes sans aucun doigt, voire sans poignet) ne pourront pas lui convenir.

Pourquoi donc cette démarche auprès d’e-Nable France ?

Une première entrevue nous a permis de comprendre que Baptiste est sportif, il fait du VTT de descente, et là, pour tenir le guidon d’une part et pour freiner sur une longue durée d’autre part, il est vraiment gêné. Il doit effectuer un mouvement du coude et de l’épaule pour que sa première phalange d’index (de la main gauche) atteigne la manette de frein. Cela entraîne une posture globale du corps inconfortable, et une fatigue rapide de la main malgré une manette de frein hydraulique réglée au quart de poil. Je viens donc de définir les 2 besoins principaux de Baptiste: pouvoir tenir le guidon, et freiner, de manière « normale ».

Les étapes de ce projet…

Les premières semaines…

  • Nous avons rencontré une première fois Baptiste au LOGre, avons bien défini son besoin principalement lié aux activités sportives VTT descente pour la manipulation du frein. Sur cette base, nous envisageons de fabriquer des prothèses simples de doigt qui seront maintenues par insertion dans le gant de VTT.

Mesures via Tracker

  • Lors de cette première rencontre, des photos ont été faites, à côté d’une règle graduée afin de pouvoir prendre des mesures grâce au logiciel Tracker.

Prise photo des dimensions

Prise des cotes avec tracker

Premier manchon testé, il permet déjà de freiner !

  • Un premier manchon a donc été imprimé pour l’index, en prévision d’y accrocher ensuite des articulations pour 1 ou 2 phalanges, et l’intégration d’un renfort métallique.
  • Deuxième rencontre avec Baptiste quelques temps plus tard. Le premier manchon d’index imprimé en nGen Flex est un peu trop gros (2mm de trop au diamètre), mais, inséré dans le gant il améliore déjà sensiblement la manœuvre de la poignée de frein.

Premier essai de manchon

Manchon dans le gant

  • Nous en profitons pour mesurer plus précisément la circonférence de l’index : 75mm.

Mesure_circonference

Circonférence_ = 75mm

  • Ce manchon était prévu pour y accrocher une doigt articulé piloté par un câble, mais il apparait qu’un doigt articulé ne soit pas nécessaire : un index rigide en position « crochet » monobloc pourrait remplir la fonctionnalité souhaitée et être suffisamment solide sans renfort (hypothèse vérifiée).

Nouvelle orientation : un doigt-crochet

  • Il est donc décidé de poursuivre la construction d’un doigt sur la base du Flexy-Finger de Girobot. La première version sera de géométrie fixe, modifiée pour être en position pliée et permettre une bonne accroche à la poignée de frein du VTT. Un modèle modifié (mis à l’échelle 1.15, et rempli pour le rigidifier) est disponible ici en format STL Flexy-Finger_Prosthesis_plein_flechi_STL ou ici en format STEP Flexy-Finger_Prosthesis_plein_flechi_STEP . C’est à imprimer « à plat » tel que le STL est posé sur le plateau chauffant, principalement pour avoir une bonne orientation du fibrage, et aussi pour minimiser le volume de supports. Noter que le passage de la version originale du doigt à la version fléchie a été possible grâce à la fonction « Flexion » de SolidWorks appliquée au modèle en format STEP.

Quelques vues des modèles réalisés à cette étape :

Le modèle original de Girobot

Flexi-finger plié

Flexi-finger plié et rempli

Doigt imprimé (poncé, et finition « Smooth-On »)

Scanner 3D

Pour un meilleur maintien et un meilleur confort, nous proposons de travailler sur la base d’un modèle 3D plus précis de la phalange de Baptiste.  Un scan de la main de Baptiste est donc effectué (scanner à lumière blanche Artec Spider, gracieusement prêté par la plateforme inter-universitaire GINOVA). Nous avons principalement ciblé les 4 doigts (sans chercher à avoir le pouce complet). A partir de la « salade de doigts » récoltée (dixit Baptiste)…

Numérisation 3D

« Salade de doigts »

Modèle numérique obtenu

On trouvera ici en format STL  la main reconstruite et  l’index isolé .

Un modèle à l’emboîture parfaite

Sur la base de la numérisation effectuée précédemment, nous tentons de mettre au point des solutions techniques pour construire un manchon pour l’index. Un manchon est construit, enveloppe d’environ 1.2 à 1.4mm d’épaisseur autour de la forme du moignon de l’index, en s’appuyant sur le maillage. Puis ce manchon est assemblé avec les 2 dernières phalanges du doigt. Des modèles de la main et de la première phalange de Baptiste sont imptimés, ainsi que l’emboîture construite en filament flexible, pour validation de l’assemblage. autre de la main de Baptiste,

Enveloppe de l’index

Emboiture courte

Freindex fini (en PLA rigide)


Une enveloppe est construite autour du maillage de l’index, et fusionnée avec les dernières phalanges du Flexy-finger.

Un doigt rigide à l’emboîture confortable

Cette version est imprimée en matériau flexible pour un confort idéal et un bon maintien par « effet ventouse », les 2 autres phalanges étant imprimées en PLA rigide pour une bonne efficacité du « crochet » lors du freinage.

Les deux mains et le freindex en place

Comparaison des deux index

Premiers essais sur un vélo de route

Un cœur pour dire merci

Un cœur pour dire merci.

Une dernière version à crochets

Néanmoins, bien que le maintien de l’emboîture sur le doigt de Baptiste semble très bon grâce à l’utilisation du scan 3D et du matériau flexible, et qu’il soit prévu que cet index soit utilisé dans un gant de vélo pour assurer qu’il ne glisse par en cours d’utilisation, Baptiste suggère aussi d’ajouter des petits anneaux en vue d’accrocher la prothèse au poignet pour la maintenir lorsqu’il souhaitera faire du vélo sans gants par temps chaud.

Epaisseur modifiée & oreilles

 

Impression doigt bi-matières, position verticale

Un Bras pour un Enfant

Un Bras pour un Enfant

Qui est Matteo ?

 

Son agénésie

Mattéo est un enfant tout à fait comme les autres. Il est juste né avec une partie du bras droit seulement. Son avant-bras s’arrête en effet environ aux 2/3 de la longueur, il n’a donc pas de poignet, main ou doigts. Mais comme probablement la plupart des enfants dans ce type de situation, Mattéo a appris à vivre, à se débrouiller avec sa main gauche et son bras droit, il fait du vélo, écrit à l’école comme les autres enfants, fait du judo dans un club, etc… Donc cette prothèse qu’il nous demande n’est absolument pas vitale pour lui, elle ne sera qu’une aide dans certaines situations lorsqu’il en ressentira le besoin.

Quel modèle de prothèse ?

Les plupart des prothèses conçues et réalisées par les makers de e-Nable sont destinées à des enfants disposant d’un poignet et d’une partie de la paume de la main, mais « amputés » des doigts. Les modèles classiquement adaptés à ces pathologies sont donc des modèles tels que Raptor Reloaded ou Phoenix. La plupart des makers impriment les modèles disponibles, avec une mise à l’échelle, quelques adaptations et une décoration selon les goûts de l’enfant.
D’autres makers proposent régulièrement des améliorations ou approches différentes comme par exemple la Flexy hand. Tous ces modèles utilisent un mouvement de flexion du poignet de l’enfant pour tirer sur des câbles, ce qui permet de fléchir les doigts afin d’obtenir le mouvement de préhension du pouce opposé aux 4 autres doigts de la prothèse.

Mais pour Mattéo, qui n’a pas de poignet, il nous a été proposé de partir d’un modèle mis au point par un binôme d’anglais, Drew Murray et Stephen Davies, le Unlimbited Arm, qui se base sur la main Phoenix en y ajoutant une sorte de gouttière pour accueillir l’avant-bras de l’enfant, et une jointure au niveau du coude avec une manchette qui s’accroche au bras. C’est donc le mouvement du coude qui va piloter, à distance via des câbles plus longs, la préhension des doigts. Un élément important, Drew et Stephen n’ont pas seulement proposé une nouvelle configuration avec commande par le coude, ils ont aussi mis au point une procédure de mise à l’échelle basée sur 4 mesures caractéristiques de la morphologie du patient, et tout ceci est encapsulé dans un fichier OpenScad.

 

C’est parti…

Forts de nos premiers prototypes et des données disponibles pour le bras Unlimbited Alfie, nous appliquons la méthode de dimensionnement et imprimons les premières pièces.

Pièces trop longues

Il apparaît rapidement que l’avant-bras sera plus long que 200mm… il faut donc modifier une de nos machines pour pouvoir l’imprimer, ou l’imprimer en 2 parties qu’il faudra ensuite assembler.
Patrick développe quelques solutions d’assemblage par des tiges composites, pendant que Philippe allonge son plateau d’imprimante. La longueur d’impression obtenue (232mm) s’avère suffisante, c’est donc cette solution qui sera retenue puisque sensiblement plus simple de mise en œuvre. Ce problème de longueur est momentanément résolu pour Mattéo, mais reste entier pour imprimer un avant)bras plus long. Nous mettons donc en chantier, une version de l’imprimante qui permettra d’avoir une longueur d’impression de 300mm suivant l’axe Y.

Intégration d’un palonnier

Les modèles historiques de e-Nable sont munis d’un boitier contenant 5 tiroirs auxquels sont accrochés les tendons, ceci pour régler séparément la position de repos de chaque doigt et pour qu’ils se ferment à peu près simultanément. Le problème de cette solution est que lorsqu’un des 4 doigts arrive au contact de l’objet que l’enfant veut prendre, le mouvement de commande est arrêté par ce tendon sous tension, les autres doigts ne peuvent plus progresser, l’objet est donc porté entre le pouce et un seul autre doigt, ce qui limite l’efficacité de la prise.

Le bras Unlimbited reproduit ce principe en fixant le boitier tendeur au niveau du biceps. Mais John Diamond a proposé pour la commande d’une main Phoenix l’introduction d’un whippletree  (palonnier) qui permet aux 4 doigts de venir en contact et de répartir leurs efforts sur un objet de forme potentiellement assez complexe. Regardez la vidéo  pour en comprendre le fonctionnement (et nous présenterons plus loin une vidéo démontrant le fonctionnement de notre dernière version de palonnier). Nous adaptons donc ce palonnier pour qu’il puisse être fixé sur le haut du bras Unlimbited:

Friction trop importante

Une nouvelle difficulté apparaît : le fonctionnement du palonnier nécessite qu’un même fil (tendon) relie deux doigts voisins en passant par le palonnier. Lorsqu’un des deux doigts est bloqué par l’objet, pour que le doigt associé puisse poursuivre son mouvement le tendon doit coulisser à travers tous les chemins qui le mènent au palonnier, coulisser dans le chenal circulaire du palonnier, et coulisser encore dans le chemin retour jusqu’à la main et au doigt. La complexité du trajet effectué entre doigt et biceps, et la tension du tendon, génèrent des frottements importants, qui n’empêchent pas la main de fonctionner mais nécessitent des tensions importantes, et donc de gros efforts sur le fil, sur les nœuds, et potentiellement une usure rapide des pièces en plastique sur le trajet du tendon. Nous allons donc analyser le problème et tenter de réduire ces frottements.

Les modifications apportées sont publiées sur cette page afin que d’autres makers e-Nable puissent s’en inspirer pour leurs prochaines prothèses de bras.
Elles consistent en résumé :

  • à simplifier autant que possible le trajet des tendons entre les bouts de doigts et le boîtier tendeur situé sur le biceps (limiter les virages inutiles et guider les tendons dans des tubes en Téflon),
  • à déplacer le palonnier dans la paume de la main, donc au plus près des doigts afin que les tendons coulissent sans difficulté entre deux doigts associés.

Le fonctionnement du nouveau palonnier est visible sur cette vidéo.

 

Adhérence de la main sur les objets manipulés

Lors des tests de nos premiers prototypes, qui ont été envoyés à l’association pour que nous puissions être des « makers validés », nous avons constaté que la plupart des objets que nous tentions de manipuler avec notre main en PLA glissait entre le pouce et les doigts, et sur la paume… Voici par exemple la paume de la main imprimée selon le modèle « Team Unlimbited »:

C’est une surface ajourée, mais plane au départ, en plastique rigide et lisse. Elle est prévue pour être thermoformée, c’est à dire chauffée (avec un sèche-cheveux par exemple) et mise en forme pour faciliter l’insertion du moignon du bénéficiaire en fonction de sa morphologie. Mais une fois mis en forme, elle redevient rigide. Il était dans nos tests presque impossible de se servir de cette main pour tenir un gobelet, ou tout autre objet similaire. Nous souhaitions donc, pour la version que nous allions livrer à Mattéo, améliorer l’adhérence des doigts sur les objets manipulés.

Pour les mains de grande taille (ados ou adultes) il est classique chez e-Nable d’utiliser des doigtiers en silicone, comme ceux-ci-contre. Mais dans le cas de Mattéo, la plus petite taille de doigtiers que Patrick a commandée est encore beaucoup trop grande. Pour la paume, d’autres modèles disposent de paumes rapportées en cuir par exemple et fixées par des vis.

Nous avons tenté de placer des élastiques ou des joints toriques dans des rainures autour des doigts, mais l’adhérence reste trop faible, et les élastiques ne restent pas dans les rainures. Grâce à une imprimante à double buse, nous avons imprimé des doigts bi-matériaux, munis d’une zone rigide pour la transmission d’effort, et d’une épaisseur en matériau « souple » pour améliorer la surface de contact. Divers essais ont été effectués avec du FlexiFil, du FilaFlex, du FlexPLA, du NinjaFLexOn aperçoit sur l’image suivante en transparence une zone imprimée en matériau souple.

Mais nous souhaitions aussi proposer une solution ne nécessitant pas de double buse, car beaucoup de makers n’ont pas cette option sur leur machine. Nous avons rainuré le bout des doigts… Appliqué une sorte de peinture caoutchouc sur le bout du doigt (PlastiDip), soit sur du PLA rigide, soit sur du souple. Une dernière phalange toute en souple n’est pas assez rigide, mais la couche caoutchouc semble bien efficace sur le Ninjaflex…

La solution finalement adoptée est publiée en détails sur cette page, elle consiste en une phalange distale en 2 parties imprimées séparément et emboîtées l’une sur l’autre, une paume un peu travaillée au niveau de la forme et des matériaux (structure en plastique rigide, et surcouche de 1 à 3mm de plastique souple), et des petits coussins complémentaires sous les phalanges proximales, le tout couvert de PlasdiDip. Avec cette nouvelle main nous avons pu porter des objets relativement lourds comme par exemple un mandrin de perceuse électrique.

Ce qui a « magnétisé » Mattéo

Le petit plus technique dont nous avons pu faire la surprise à Mattéo consiste à intégrer un petit aimant néodyme (assez puissant) dans le bout de l’index. Cela lui permet de prendre des petits objets en fer juste en approchant son doigt (un trombone, une clef, un porte-clefs, un petit tournevis,…) ce qu’il ne pourrait pas faire sans cela.

Et du coup, Mattéo a vraiment une main de super héros !!!

Ce qui a « scotché » Mattéo

Le petit plus esthétique enfin, sa Maman nous ayant dit qu’il était passionné de Spiderman, c’est la toile d’araignée que nous avons pu coller sur le bras et qui fait un bel effet lorsqu’il tend sa main vers l’adversaire 🙂

Le résultat…

Le modèle final

A partir du modèle colorié décrivant les souhaits de l’enfant (image ci-dessus), le bras final a pu être livré à la date initialement prévue (soit environ 2 mois après la prise de contacts avec la famille de Mattéo). Les finitions ont été faites en présence de Mattéo, vérification de longueur et rivetage des sangles en cuir, mise en place du tissus-mousse absorbant amovible, et mise en place de la toile d’araignée de Spiderman !!

La livraison

Ce fut une belle journée, pleine d’émotions. après avoir ouvert son « paquet cadeau », et une fois les derniers réglages effectués, avec son bras et sa nouvelle main droite, Mattéo nous a montré qu’il pouvait porter un gros paquet de bonbons, faire des combats de sabre avec toute la famille, prendre un anneau de porte-clefs posé sur la table, porter un bocal de Nutella, et même apporter un magnifique bouquet de fleurs le jour de l’anniversaire de sa Maman !!!

 



 

Les jours suivants…

Après… un peu de médiatisation pour susciter d’autres actions similaires… par exemple Mattéo fait la Une du journal local, puis peu de temps après, un passage au 19-20 en premier sujet de France3 Auvergne (visible quelques jours en replay) !

Mais surtout de notre part, à toute la famille de Mattéo…

On vous souhaite, tout le bonheur du monde,
Et que quelqu’un vous tende la main…

et à toi Mattéo, on te souhaite de poursuivre ta vie dans la simplicité et avec la lucidité dont tu as fait preuve en notre présence 🙂

Philippe & Patrick.