Multi Tool Holder à Rotule – Version 3

Multi Tool Holder à Rotule – Version 3

Evolution du MTH Porte Stylo/Crayon vers un MTH polyvalent

 

Nos appareils sont constamment en évolution chaque fois que l’utilisateur rencontre une difficulté dans son utilisation courante.

Le MTH à rotule (version 2 du MTH d’origine avait déjà apporté de nombreuses améliorations grâce au concept de porte crayon amovible et pivotable sur rotule.

Suite aux retours d’expérience de l’utilisateur, quelques améliorations devaient être apportées au système pour diminuer les gênes constatées et permettre de nouveaux besoins.

 

Besoins d’améliorations :

  • le système manchon sur rotule et vis de serrage sur socket, déplace mécaniquement, le crayon vers l’avant de la main, ce qui perturbe l’écrivain dont la mémoire fonctionnelle associe la place de son stylo à un emplacement plus proche de la paume. Souvenons-nous que Nathalie a subi une amputation des mains, donc elle a mémorisé des informations sensorielles qui restent gravées dans sa mémoire. J’avais assisté à un colloque de chercheurs sur ce sujet dont j’ai retranscrit quelques conclusions dans l’article (sensori-motricité )
  • la vis imprimée en PLA reste fragile du fait d’une diminution d’épaisseur des filets, imposée par la nécessité d’avoir des mâchoires flexibles pour serrer la rotule.
  • l’emboitement livré était un peu court ce qui nécessiterait quelques mm de plus
  • l’écrou en PLA sur une vis en PLA, est difficilement desserrable (phénomène chimique entre les deux parties de même nature)
  • (constat) il n’est pas nécessaire d’imprimer tout l’emboitement en filament flexible

Nouveaux besoins à servir:

  • de nouveaux manchons pour tenir un pinceau à gouache, un porte plumes multi-couleurs,
  • adapter un système pour tenir des cartes de jeu,
  • prévoir tout nouveau adaptateur sans avoir à modifier le manchon.

Cahier des charges de l’évolution

  • repositionner le système vis-rotule
  • substituer une vis en PLA peu flexible par une vis souple qui ne cassera pas
  • rendre le manchon plus polyvalent, étendre sa fonction à d’autres utilisation que l’écriture
  • pourvoir rallonger l’emboitement sans avoir à ré-imprimer entièrement un socket.

Re-Design

Comme d’habitude notre environnement de développement est l’application en ligne Onshape, et le design est open source et consultable  à l’adresse suivante : https://cad.onshape.com/documents/a8c6f5401b2ae5574858ee9a/w/6cea790b7d6b7ee47dd40706/e/a5bd9eef927bbe5b4625b35c

Si le lien est cassé, le dossier peut être également trouvé avec la fonction Search (loupe) ciblant le domaine Public, avec la chaîne :  » team Gre-Nable.fr : MultiToolHolder V3« .

La branche actuelle du dernier développement est la B1. Le design permet de choisir si la rotule est fixée sur le socket ou si c’est la vis de serrage qui est solidaire du socket.

Comme d’habitude pour modifier le dossier, il faudra au préalable en faire une copie dans votre espace personnel, dossier que vous pourrez ensuite modifier à souhaits, notamment pour adapter le MTH à votre emboitement cible.

Le Socket (emboitement)

Le socket reprend le concept du précédent, mais en changeant la position de la vis. La forme de la paume résiduelle garde un creux qui correspondait à la courbe en l’index et le pouce, donc c’est dans cette courbe que va être placée la nouvelle vis.

Au passage, nous faisons un petit exercice de style en faisant une double implémentation: Ceci a pour but de chercher la configuration optimale en fonction de l’usage final de l’appareil.

  • vis se serrage sur le socket, rotule sur le manchon
  • vis de serrage sur le manchon, rotule sur le socket.

Finalement, nous conservons pour le concept de la vis de serrage sur le socket, mais cette vis est désormais un élément indépendant imprimé en flexible.

Design avec vis de serrage sur le socket

(design retenu)

 

Design avec rotule sur le socket

 

 

Rappel de la construction d’un filetage

Il s’agit de réaliser un cylindre, dont la périphérie sera creusée (extrusion avec enlèvement de matière – extrude remove) d’un profil triangulaire correspondant au filet, suivant un chemin hélicoïdal, image de la vis.

Etape #1

Le profil en triangle (jaune) dont le plan de construction est normal au chemin hélicoïdal, va définir un volume qui sera retiré de l’enveloppe cylindrique de la vis.

Etape #2

Extrusion du cylindre complet de la vis, puis extrusion (remove) du profil du pas de vis suivant le chemin hélicoïdal.

Etape #3

On creuse l’intérieur de la vis pour y insérer la rotule, puis on « conifie » le début de la vis pour permettre un effet de serrage (l’écrou aura une conification inverse).

Etape #4

On fragilise la vis avec 8 fentes pour créer des lamelles un peu souples qui emprisonneront la rotule lors du serrage.

Etape #5

Enfin, on assouplit la base de chaque lamelle pour faciliter la flexion et le serrage autour de la bille.

Embase pour fixation sur socket

 

Une fois la vis réalisée, il faut modifier le socket pour recevoir l’embase de la vis, rajouter un boulon pour bloquer le système de serrage sur le socket

Détail de l’embase côté socket

Détail de l’embase côté vis flexible

Impression du socket

L’impression est simplifiée car l’impression du filetage n’est plus d’actualité. Le socket sera donc imprimé verticalement avec la surface de la base de l’emboitement collé sur le miroir. C’est une surface de référence, car l’extension souple en flex s’appuie également sur cette surface. Il ne reste plus que quelques supports à l’intérieur du socket pour supporter la voute supérieure du socket.

Socket sur miroir en fin d’impression

Supports à l’intérieur du socket

Impression du manchon

La méthode d’impression ayant été validée lors des designs précédents, nous reprenons les mêmes orientations (la rotule, le raccord et le manchon sont imprimés dans le même plan).

Simplify3D, génère des supports de qualité qui se décollent sans laisser de traces. L’expérience montre qu’une épaisseur de couche de 20/100ème génère une rotule suffisamment précise pour l’utilisation.

Impression de l’écrou

Le filament Iglidur, (fabriqué par Igus) réputé pour ses qualités de frottements réduits, est notre matière de base pour les écrous sur PLA. L’Iglidur (https://www.igus.eu/product/703) est cher mais on peut en demander quelques mètres en échantillon.

Par contre, l’impression n’est pas triviale, une température élevée pour la buse (260 à 265°C) avec un plateau à 70°C, et une vitesse d’impression faible (20 mm/s) comme pour du flexible.

Impression des bouchons

Les stylos, crayons, pinceaux … ayant tous des diamètres différents, il faut donc imprimer un jeu de bouchons de diamètres différents, avec du filament flexible. Nous utilisons deux filaments : ninjaFlex et SmarFlex.

A partir d’un design paramétrable (paramètre  Pen_diameter dans le Part Studio ‘manchon_a_rotule‘), on exporte autant de bouchons que l’on veut pour constituer le jeu. Pour cette nouvelle livraison, les diamètres choisis vont de 3 mm (pour les pinceaux) à 10 mm (stylo bille à 3 couleurs).

Extension du socket par un anneau amovible en flex

 

Nous avions livré à Nathalie un socket rallongé avec le collage de couches en flexible sur du PLA. Cette opération de collage a été réalisée pendant l’impression en stoppant l’impression, changeant le rouleau de fibre et en relançant l’impression.

Ce collage n’a finalement pas tenu à l’utilisation quotidienne de l’emboitement. Donc nous nous sommes redirigés vers un système à crantage qui permet d’imprimer chaque pièce de façon autonome. Devant le succès de ce principe à l’utilisation, chaque nouvelle emboiture est désormais réalisée avec une extension souple crantée.

Coupe au niveau du cran femelle dans le socket

Coupe au niveau du cran femelle dans le socket

et pour terminer, une coupe générale du MTH à rotule V3 assemblé :

…. et nouvelle adaptation

 

Le porte cartes à jouer

 

Après le manchon pour crayons, le manchon pour couverts, un nouveau besoin pour les soirées en famille : le support pour jouer aux cartes.

Nous avons revu le design du manchon porte crayons en ajoutant une partie orientable (suivant Z) et un principe de maintien par aimant néodyme, ainsi la possibilité de rajouter un nouvel adaptateur sera facilitée via l’aimantation (suffisamment forte).

Le porte cartes à jouer a été acheté chez aliexpress pour 2,89 € (livraison gratuite) !!  https://www.aliexpress.com/item/33034427476.html

Le design du manchon avec tourelle est dans le part_studio / PenHolder_rotule > manchon+stylo+aimant 

L’adaptation a été rapide. Nous avons redesigné le manchon porte stylo avec une tourelle supportant un aimant néodyme rectangulaire. Un autre aimant du même type est collé sur un petit support rectangulaire, lui même collé sur le porte carte, et c’est fini.

Nathalie peut déposer le porte cartes sur une table et retirer son bras, ou le garder aimanté sur son socket avec la possibilité de le tourner pour empêcher son voisin de tricher et voir son jeu !!

 

A l’attention de tous les membres d’e-Nable France (Makers ou Demandeurs d’appareil)

 

Nos développements sont en open source, disponibles à tous pour être reproduits. L’adaptation de l’emboitement demande un peu plus de technicité qu’une simple compétence en impression. Mais, nous sommes là pour vous aider à acquérir cette compétence. Soumettez-nous vos besoins et nous vous aiderons à réaliser votre MTH personnalisé. La seule petite contrainte, est que le design est trop complexe pour être réalisé avec le logiciel Openscad (surtout du fait de la forme non modélisable par simples primitives de l’emboitement). Heureusement il existe une solution gratuite pour résoudre nos besoins, celle que nous maitrisons : l’application en ligne OnShape.com. Son usage n’est pas plus compliqué qu’appréhender Openscad. Prenez quelques minutes pour lire notre article ‘https://www.gre-nable.fr/pourquoi-team-gre-nable-utilise-onshape/’  

Main Assistée Electriquement Flexibone

Main Assistée Electriquement Flexibone

A Propos de la Licence

Cette étude ​ (Electrically Assisted Flexibone Hand / Main Assistée Electriquement Flexibone) est publiée sous les termes de la licence License Creative Commons Attribution 4.0 International. Cette licence concerne l’ensemble de la documentation, les rapports, les modèles CAO, les vidéos de test, etc. La forme de la main est basée sur la main Kwawu conçue par  Jacquin Buchanan.


Ce projet est certifié « Matériel Open Source » :  [OSHW] FR000008 | Certified open source hardware | oshwa.org/cert

Introduction

Cet article présente un nouveau concept de prothèse assistée électroniquement à faible coût, imprimée en 3D, destinée à des personnes amputées transmetacarpiennes. Le design est le résultat d’une récente collaboration entre des étudiants de l’Université de Bath, en Angleterre (Phil Barden, Thomas Eagland, Jay Pinion, Sevinç Şişman) et un membre de team Gre-Nable, enseignant à l’Institut de Technologie de Grenoble, en France (Philippe Marin).

L’équipe a travaillé à la conception de la prothèse sur une période de cinq mois, la conception finale étant le résultat de tests physiques et d’analyses mécaniques approfondis, de prototypage rapide et de tests d’utilisateur.

Pour une explication plus détaillée de la conception finale et du projet, veuillez vous reporter au rapport complet contenant tous les détails. Voir à la fin de cet article pour encore plus de liens et d’informations, modèle CAO, code Arduino, enregistrements vidéo des tests, etc…

Une grande partie de ce qui est présentée ici est un proof of concept et nous espérons qu’en partageant ces idées avec le reste de la communauté e-Nable, d’autres membres (makers) seront inspirés pour les développer et les améliorer.

Bonne lecture!

La Mission

La plupart des «mains robotiques» conçues pour les amputés sont conçues avec des moteurs d’actionneur intégrés à l’intérieur de la paume, à l’instar de ce prototype publié sur «makea.org»:

« votre mission… », a déclaré Philippe à notre équipe: « s’agit de concevoir une prothèse de main à assistance électrique. Je veux dire avec des moteurs, une batterie, une mécanique … » pour une personne qui a perdu « seulement » ses doigts. Cela signifie qu’il n’y a pas de place dans la paume pour mettre tout les éléments de l’assistance électronique »..

La main résiduelle de Nathalie

Contexte du projet

Le projet s’appuie sur l’expérience de Nathalie, une amputée trans-métacarpienne qui avait contacté team Gre-Nable en 2018, relatant qu’elle n’était pas satisfaite de sa prothèse myoélectrique à «48.000 €» et leur demandait si l’équipe pouvait lui proposer une meilleure alternative. Ses principales reproches étaient que la prothèse était beaucoup trop lourde (environ 1,5 kg, presque trois fois celle d’une main humaine) et également très difficile à contrôler. La prothèse restait par conséquent inutilisée et rangée dans sa boîte.Notre design présenté ci-dessous pèse environ 500 g, ce qui est très proche de celui d’une main humaine. Le coût approximatif de sa réalisation est également proche de 200 euros, soit moins de 0,5% du coût de sa prothèse myoélectrique.

Je l’aime beaucoup plus que ma prothèse à 48,000 €
Nathalie

Bénéficiaire de la prothèse

Les caractéristiques finales du prototype …

  • Retour de force
    • Capteur de pression dans l’index
    • Moteurs haptic dans le gantelet
  • Maintien du gantelet
    • Mécanisme de serrage type snowboard
  • Alimentation
    • Batteries 7.4V Lithium ion
    • 2200mAh
    • Autonome de plusieurs heures

La plupart de ces caractéristiques sont détaillées dans cet article…

  • Design de la Mécanique
    • Doigt technologie Flexibone
    • Cheminement optimisé des fils nylon
    • Impression 3D en ABS & Ninjaflex
  • Activation
    • Deux servomoteurs
    • Poulie avec palonniers intégrés
  • Contrôleur électronique
    • Microjoystick 2 axes
    • Carte micro « Arduino »

Revendications

En ce qui concerne la description de la licence, à notre connaissance, les éléments décrits au fil du rapport de stage et de cet article, sont novateurs dans le contexte des prothèses de membre supérieur à faible coût ::

  1. Cinématique pour les doigts composée d’une seule pièce imprimée flexible permettant la flexion entre phalanges ainsi que des coussinets de préhension souples sous les doigts.
  2. Système de réaction haptique dans le gant composé d’une série de micro-vibreurs.
  3. Contrôle des mouvements à l’aide d’un micro-joystick à deux axes prenant en compte le mouvement résiduel possible du membre amputé.
  4. Mécanisme de verrouillage rotatif pour la fixation du gantelet sur l’avant-bras.

Caractéristiques détaillées

Doigts en Technologie Flexibone

 

Description:

Le nouveau modèle de doigt conçu par team Gre-Nable, est basé sur le modèle Kwawu. La nouvelle ossature du doigt utilise un profil semblable à un «os» traversant le centre de chaque doigt ainsi que le pouce, et il est imprimé avec un polymère 3D flexible (appelé NinjaFlex-). Les « os » sont ensuite insérés dans des coquilles en ABS pour constituer chaque phalange, ainsi l’ensemble donne à chaque doigt son apparence naturelle. Cette architecture de doigt est appelée « Flexibone ».

Cette structure permet une fabrication aisée du doigt « Flexibone » car il suffit d’imprimer l’os central en une seule partie souple et les six demi-phalanges rigides (en ABS ou en PLA). La partie flexible remplit alors deux fonctions:

  • L’articulation du doigt grâce à trois pivots flexibles (articulations) liés aux phalanges,
  • L’intégration de patins (coussinets) pour un contact doux sous chaque phalange, qui peuvent être recouverts de caoutchouc déposé au pinceau, par exemple du Plasti-DIP.

Nous pensons que ce nouveau concept de technologie Flexibone constitue une amélioration majeure pour la création de prothèses, quel que soit le type de main utilisé.

Pour le moment, notre main basée sur le modèle Kwawu bénéficie seule de ce concept. Dans un proche avenir, tout autre type de prothèse de la main pourrait intégrer la technologie Flexibone.

Team Gre-Nable développe actuellement un modèle CAO générique, paramétrable, simple basé sur le concept Flexibone qui permet d’imprimer le doigt à la taille adaptée à la paume de la main.

Test:

Cette conception a été validée après avoir réaliser des tests et des comparaisons avec d’autres modèles e-Nable courants (notamment Kwawu et Phoenix).

Deux tests ont été effectués:

  • Un test de force, pour déterminer la conception qui nécessite le moins de force possible pour contracter complètement un doigt,
  • et un test de préhension, pour déterminer quel modèle pouvait saisir la plus grande gamme possible d’objets, en analysant à la fois la taille et le poids maximum de l’objet.

La main Flexibone est arrivée en deuxième position derrière la main Phoenix lors du test de force, ces deux modèles nécessitant beaucoup moins de force pour contracter complètement un doigt que le modèle d’origine Kwawu.

Cependant, la conception du Flexibone semble bien meilleure que celle des Phoenix et Kwawu, car elle est capable de saisir des objets plus grands ou plus petits ainsi que des objets beaucoup plus lourds.

Montage de test avec des servomoteurs, poulies, fils nylon, force sensor, et un type de doigt à tester dans l’étau.

Quelques pièces imprimées lors de nos essais paramétrés.

Explication:

La conception du Flexibone s’appuie sur trois zones de l’os qui sont plus minces et ne sont pas contraintes par les coques en plastique ABS. Le fil nylon passe au centre du Flexibone et, lorsqu’une tension est appliquée sur le fil nylon, une flexion se produit au niveau des trois points faibles, contractant ainsi le doigt. En raison de la nature élastique du polymère souple, lorsque la tension est libérée sur le fil nylon, les doigts retournent dans leur position de repos naturelle (le Flexibone est imprimé en position de repos du doigt).

Ce diagramme à barres présente les résultats du test de force comparant la force maximale requise pour plier complètement notre échantillon de doigts, pour trois tailles différentes (petite, moyenne et adulte). Malgré sa très belle et ergonomique forme, le doigt Kwawu exige plus de force à appliquer au tendon. De l’autre côté, la main Phoenix avec des élastiques dentaires présente de bons résultats.

Chemin du fil nylon

 

Description

Les chemins du fil nylon (qui représentent les lignes de tendon) vont de la pointe de chaque doigt au système de traction situé sur le gant. Pour la plupart des mains prothèses actionnées par le poignet, les lignes des tendons passent au dessus du poignet et cette stratégie de routage crée un relation directe entre l’angle de flexion du poignet et la position du bout du doigt. Comme nous ne travaillons pas sur une solution actionnée par le poignet mais par un moteur, nous avons dû séparer le mouvement du poignet du comportement naturel. La solution consiste à faire passer les tendons par l’axe de rotation du poignet. Cela permet à l’utilisateur de plier son poignet librement sans altérer la tension du fil de nylon. Après avoir testé le comportement des doigts, nous savons que l’efficacité de la préhension sera améliorée si la moindre force n’est perdue entre chaque actionneur et son doigt associé. C’est pourquoi nous souhaitons également minimiser les frictions le long des lignes de tendon. Comme indiqué  précédemment dans cet article, , nous avons estimé que la stratégie de routage des fils pourrait avoir un impact sur le frottement des lignes de tendon et nous avons décidé d’évaluer l’importance de cet impact. Cela nous a amené à rendre les trajectoires aussi fluides que possible et à faire passer les câbles dans les tubes en PTFE (téflon).

Test

Comme les prothèses de mains testées présentaient une disparité significative d’efforts pour plier les doigts, ce qui pourrait être dû (entre autres) aux différences entre les stratégies de routage des tendons, nous avons décidé de rechercher un routage qui génère aussi peu de friction possible. Plusieurs tracés de lignes de cisaillement ont été testées pour déterminer l’augmentation de la tension due au frottement, en fonction de l’angle des courbes le long du tracé (voir figure ci-dessous). De plus, les résultats ont été comparés pour voir comment l’utilisation des tubes en PTFE a affecté cette force. L’essai a montré que, si l’itinéraire du fil utilise des tubes en PTFE, la force de friction est réduite de moitié et que plus les courbes sont peu accentuées, plus la force de friction est réduite.

Différents chemins de câbles pour tester les efforts.

Arche symbolisant la coupe de la paume et poignet, avec les tubes dans l’axe du poignet.

Passage de câble final, optimisé pour une friction minimale avec des tubes PTFE

Explication

Pour que la tension du fil de pêche soit optimale tout en permettant à Nathalie de bouger son poignet, il ne doit y avoir aucune variation dans la tension du fil entrainant une modification de la longueur de son trajet. Pour ce faire, les cinq chemins de la ligne de pêche devaient passer par l’axe de rotation du poignet car la longueur de la trajectoire reste constante en ce point. Les trajectoires lisses et les tubes en PTFE garantissent ensuite que les doigts ont toujours besoin d’une force la plus faible pour contracter les doigts car ils ont un coefficient de friction inférieur à celui de l’ABS imprimé en 3D.

Actionneurs

 

Description

Deux servomoteurs, entraînant chacun une poulie, tirent les câbles tendons des doigts. Le premier servomoteur entraîne conjointement le pouce et l’index, le second entraîne les trois autres doigts. Un mécanisme de type palonnier (« whippletree ») est intégré à chaque poulie pour permettre une prise en main adaptative. Tous nos designs de mains utilisent des palonniers, lire nos articles du blog qui en font référence.

Poulie (vue de la CAO)

Vue en coupe du palonnier.

Explication

Les poulies sont constituées de deux parties distinctes, la première étant la poulie elle-même (bleue) et la seconde étant un insert de poulie servant de palonnier (rouge). Le fil nylon qui relie 2 doigts glisse à l’intérieur de la gorge lorsque les doigts appuient sur l’objet saisi de façon dissymétrique. Lorsque l’un des doigts subit une charge plus importante que l’autre, le déséquilibre de force provoque le glissement du fil nylon autour du Whippletree, permettant ainsi à l’autre doigt de continuer à se contracter sans surcharge du moteur. L’insert de poulie peut également être déplacé plus loin dans la poulie via un système de tendeur (réglage de tension). Lorsqu’une vis est tournée, elle rétracte l’insert dans la poulie, augmentant ainsi la tension initiale dans la ligne de tension et accordant la position initiale des doigts.

Controleur

 

Description

Dans le cas particulier de l’amputation subie par Nathalie, elle contrôle la prothèse avec l’articulation résiduelle du pouce à l’aide d’un micro-joystick inséré à l’intérieur de la paume.

Évaluation des types de capteurs

Après une recherche bibliographique de capteurs utilisés classiquement pour le contrôle de prothèses et leurs performances potentielles, une étude expérimentale de diverses interfaces a été réalisée afin d’évaluer leur capacité d’usage dans le contexte de cette prothèse de main. Les capteurs testés étaient des capteurs myoélectriques, des capteurs de pression (FSR) et des capteurs de flexion à faible coût.

Exemples de tests de capteurs: (a) Deux capteurs flex. (b) Un capteur flex. (c) Un capteur myoélectrique. (d) Un capteur flex et un capteur myoélectrique. 

Finalement tous les capteurs présentaient un élément d’imprécision, le capteur myoélectrique étant particulièrement peu fiable. Cela était principalement dû à la difficulté de trouver le placement optimal des électrodes sur la main de Nathalie.

 

Une série de petites manettes de jeu (micro joystick) ont été testées, essayant de trouver celle qui soit assez facile à manipuler avec une faible amplitude de mouvement, et aussi compacte que possible pour s’intégrer dans l’épaisseur de la paume.

Premier test de positionnement du  joystick.

Micro joystcik PSP (composant de montage en surface)

Emplacement potentiel du joystick dans la paume

Joystick monté sur la surface d’interface avec la paume, avec le tissu éponge.

Surface supportant le joystick, obtenu par un offset du modèle de la paume.

Joystick et sa surface d’interface integrés dans la paume (vue intérieure de la paume).

Finalement, un micro joystick de jeu PSP très compact a été trouvé, permettant de gagner de la place et d’éviter des modifications trop importantes de la forme de la prothèse externe. De plus, un tissu éponge a été placé entre la fixation et la prothèse afin d’éviter les mouvements indésirables et d’assurer le retour naturel du levier de commande à sa position neutre.

Explication

 

Les prothèses à assistance électronique utilisent généralement des capteurs myoélectriques comme moyen de contrôle. Il s’agit d’une méthode éprouvée qui a connu beaucoup de succès dans les prothèses modernes. Malgré cela, les utilisateurs de ces prothèses signalent souvent qu’elles sont difficiles à contrôler et imprévisibles. Les capteurs myoélectriques émettent souvent des signaux bruyants qui peuvent s’aggraver si la sueur pénètre entre le capteur et la peau de l’utilisateur. Un prothésiste est également généralement requis pour déterminer l’emplacement optimal des capteurs, ce qui peut être coûteux et prendre beaucoup de temps. Pour un contrôleur, la prévisibilité et la fiabilité sont essentielles.

Dans le cas de ce projet, comme dit précédemment, l’utilisateur est une personne amputée trans-métacarpienne à qui, pour la main droite, manque tous ses doigts mais a pu conserver une partie de son articulation du pouce. Cette articulation a une gamme de mouvements relativement précis, la rendant idéale pour devenir un moyen de contrôle. Pour établir une interface aussi étroite que possible avec le système nerveux central de l’utilisateur et mettre en place un contrôleur précis, l’équipe a donc décidé que l’utilisation mécanique de cette articulation serait préférable aux moyens myoélectriques ou à d’autres types de capteurs.

Le contrôleur de manette de jeu a été utilisé avec succès tout au long des tests. Nathalie utilisait une configuration de base ouverte-fermée ou « bang-bang ». En déplaçant le joystick vers la paume (abduction), vous fermez les doigts et vous éloignez de la paume (adduction). Il a été proposé que la vitesse variable puisse également être mise en œuvre, tout en étant capable d’activer et de désactiver le système et de basculer entre les schémas de préhension (malheureusement, le temps manquait pour que cette configuration soit mise en œuvre ou testée correctement). Un joystick est un outil très polyvalent pouvant être utilisé comme contrôleur complexe et utilisé depuis des décennies dans des appareils tels que les contrôleurs de jeux vidéo. Il est donc très probable qu’avec la formation, un utilisateur puisse apprendre à donner des commandes plus complexes à la prothèse.

Retour de force

 

Description

 

Un capteur de pression inséré dans la dernière phalange de l’index indique à l’utilisateur que la force de préhension est appliquée à un objet en créant une vibration d’un des quatre moteurs haptiques du gant. Le capteur de pression est entièrement dissimulé à l’intérieur du coussinet en NinjaFlex. Les moteurs haptiques vibrent à la surface de l’avant-bras de l’utilisateur, un moteur différent vibrant en fonction de la force exercée à l’extrémité du doigt. Le moteur le plus proche de la main vibre au contact d’un objet, et la vibration monte plus haut dans l’avant-bras lorsque la force augmente.

Gauche: Index et emplacement du capteur. . Centre: index partiellement désassemblé indiquant le chemin du tissu conducteur menant au capteur de pression dans le bout du doigt. Droite: Réseau haptique dans le gant composé de quatre moteurs de vibration.

Explication

Des chercheurs ont découvert que la mise en œuvre du retour de force était très utile pour un individu en termes d’amélioration de la réalisation d’une prothèse et de la performance lors de la saisie, en particulier pour des objets délicats. La mise en œuvre du retour d’effort a donc été explorée dans ce projet en utilisant des matériaux peu coûteux. Un tissu conducteur a été utilisé à la place d’un fil électrique pour éviter la fatigue du fil qui se produirait inévitablement lors de flexions répétées. Bien que cela n’ait pas été fait ici, le ou les capteurs de pression pourraient également s’interfacer avec les actionneurs en utilisant l’Arduino comme moyen de rétroaction en boucle fermée (c’est-à-dire en limitant la force maximale pouvant être appliquée à un objet).

Serrage du gantelet sur l’avant-bras

Description

À la place des bandes Velcro habituelles ou similaires, une option plus confortable a été étudiée avec l’utilisation d’un tissu doux resserré par un fil métallique et d’un mécanisme de verrouillage inspiré du système BOA Fit (souvent utilisé pour les chaussures de surf des neiges). Ce système a été largement inspiré du travail de Younes Zitouni dans la communauté e-nable.fr (depuis, Younes a rejoint  team Gre-Nable – ndt).

Pièces du système de verrouillage

Mécanisme comfortable de maintien du gantelet sur l’avant-bras

Test

Afin d’évaluer le potentiel de maintien de la solution, la résistance du fil a été testée jusqu’à la force de rupture. Différents chemins de câbles ont également été essayés et il a été constaté qu’un bobinage en double hélice inversée, était une meilleure option pour obtenir un serrage et une répartition uniformes de la charge, ainsi que pour le processus de libération le plus simple.

Plusieurs types de tissus ont été comparés pour converger vers un tissu appelé « Tissu 3D » ce qui procure une sensation de confort à l’utilisateur et est en outre souvent utilisé par les prothésistes pour l’interface de la peau.

Explication

Basé sur le principe de la fixation d’une chaussure de surf, le gantelet est maintenu sur l’avant bras de l’utilisateur de la même manière qu’un lacet. Cette méthode a été étudiée car Nathalie n’était pas satisfaite des sangles velcro de sa prothèse existante (bien qu’elles soient en cuir de chevreau souple !).

Optimisation de la configuration des doigts

 

Description

Lors des tests avec Nathalie, il est apparu qu’elle était souvent incapable de saisir une bouteille avec notre prototype précédent. Cela était dû à la mauvaise synchronisation de la contraction des doigts. En effet la rotation complète de l’articulation distale apparaissait avant que les articulations intermédiaires et proximales ne commencent à se plier.

Ceci a conduit à la mise en contact perpendiculaire de l’os distal, comme illustré ci-dessous, suivie de l’éloignement de l’objet de la paume. Pour permettre à la prothèse de saisir les objets, il fallait obtenir un ordre de contraction plus naturel.

Test

Ci-dessous est comparé sur la première ligne des images le processus de pliage du Flexibone original et sur la seconde ligne le processus de pliage après amélioration des jointures du Flexibone.

Explication

Après une série de tests, le problème a été résolu en augmentant l’épaisseur des articulations flexibles intermédiaires et distales de l’os, respectivement de 25% et 50% (voir la figure ci-dessous). Un inconvénient collatéral est que cela augmente la force nécessaire pour plier complètement le doigt (voir courbe ci-dessous). En raison de contraintes de temps, une diminution globale finale de l’épaisseur des trois articulations n’a pas été étudiée.

Différents types de prise

 

Description

Grâce au code Arduino et au joystic à deux axes, plusieurs fonctionnalités ont été implémentées. Et d’autres pourraient être développés si nécessaire. Les principaux modèles d’adhérence sont décrits sur les figures suivantes:

Pointe du doigt, prise de force, pincée en deux points, prise latérale.

Gantelet final

En images, voici un résumé de la structure et du boîtier du gantelet final.

Améliorations potentielles

 

Parmi de nombreuses idées pour améliorer les aspects techniques ou fonctionnels de la main assistée Flexibone, voici les principales priorités:

  • Plan de rotation du pouce: Héritage de la main Kwawu, l’orientation du pouce n’est pas optimale et ne permet pas vraiment une opposition avec l’avant-doigt (voir l’image de la prise de bouteille), ce qui rend difficile de saisir certains objets. Ce plan pourrait être légèrement modifié, et l’amplitude des mouvements du pouce aussi pourrait être augmentée.
  • Retour haptique: La position du capteur de pression dans l’extrémité antérieure n’agit pas toujours de la même manière en fonction de la configuration du contact avec l’objet. A l’avenir nous chercherons une meilleure configuration, ou un capteur différent, afin que la force de contact soit correctement détectée dans la plupart des situations. Il est également difficile de déterminer quel moteur haptique est activé (1 parmi 4). Nathalie ressent des vibrations dans le gantelet mais elle ne sait pas dire à quel endroit elle ressent la vibration.
  • Réduire la force de flexion des doigts. Pour améliorer la stratégie de contraction du Flexibone, nous avons augmenté certaines épaisseurs au niveau des articulations, ce qui a finalement augmenté la tension de flexion que l’actionneur doit fournir pour tirer le fil nylon. L’inconvénient est que plus le frottement et la tension de flexion des doigts augmentent, moins il reste de force pour saisir les objets. Nous devons maintenant étudier la possibilité de diminuer la résistance due à la flexion en diminuant l’épaisseur de toutes les articulations, en conservant l’ordre relatif de flexion des phalanges et en conservant bien entendu une résistance mécanique raisonnable des doigts.

Un projet vraiment open source 

 

Non seulement cet article, mais toutes les données générées et diffusées au cours de ce projet sont publiées en open source sous l’intitulé “Flexibone Assisted Hand” selon les termes de licence Creative Commons Attribution (CC By).

Nous sommes heureux de fournir les documents ci-dessous à la communauté mondiale des makers (e-Nable et autres) :

  • Et si vous voulez seulement télécharger les fichiers STL, les fichiers sont disponibles sur Thingiverse. Laissez nous vos commentaires.

Remerciements

Merci à team Gre-Nable : Philippe, Patrick, Fabien et Marie-Laure de nous avoir permis de travailler sur ce projet incroyable.

Merci à Frédéric pour son encadrement en gestion de projet.

Merci à toute l’équipe de GINOVA, le Fablab de l’Université de l’Institut de Technologie de Grenoble (INPG) pour son assistance technique au cours de ce projet.

Merci également à Patrick pour son aide dans la publication de cet article sur le blog de team Gre-Nable.

Et bien sûr, un grand merci à Nathalie (et à sa famille) pour sa confiance en notre travail et pour sa disponibilité pour plusieurs tests tout au long du projet.

Au cours de la réunion finale, de gauche à droite: Tom, Phil, Nathalie, Sevinç, Jay.

Dispositif pour Bâton de Marche

Dispositif pour Bâton de Marche

Marcher avec un Bâton de Marche

 

Pour tout le monde c’est une action triviale de tenir un bâton de marche, sauf qu’avec une main sans doigt, il est impossible de le tenir.

Plusieurs makers d’e-nable France ont été confrontés à cette difficulté. Divers prototypes utilisant des évolutions de la main Phoenix ont vu le jour, sans apporter de réelle satisfaction.

Si on calque les spécifications fonctionnelles sur notre expérience de marcheur, la liste des besoins peut se limiter à celle -ci :

  • le bâton doit être dans l’axe de la main car le marcheur s’appuie dessus,
  • lorsqu’on marche le bâton a des mouvements vers l’avant et l’arrière qui sont maîtrisés par le poignet
  • le bâton peut se coincer dans un rocher alors que le marcheur est en mouvement
  • si le marcheur tombe, il ne doit pas être « prisonnier » de la position du bâton.

Fort de cette liste (non exhaustive) de contraintes techniques à respecter, nous sommes partis sur la conception d’un dispositif adapté, à partir d’un élément que nous maitrisons parfaitement : l’emboitement personnalisé (dans notre cas, celui de Nathalie).

 

Design

 

Comme toujours, notre environnement de développement reste le même (l’application en ligne Onshape) et notre design est open source, consultable via à l’adresse suivante : https://cad.onshape.com/documents/ae42f7c567ec69c5307e55e7/w/f60edfe3cb581788114d01c6/e/bf3b89a0ff2e084d2d824de3.

Le dossier peut être également trouvé avec la fonction Search (loupe) ciblant le domaine Public, avec la chaîne : « team Gre-Nable : Walking stick socket » choisir ensuite la branche B1. .

On découvre l’ensemble monté (assembly) tel que nous l’avons simulé, pour placer correctement les différents éléments. Les designs des pièces constituant le Walking Stick Socket sont à consulter dans le Part studio « socket baton de marche ».

 En option, deux autres versions de socket ont été conçues mais pas imprimées puisque le modèle présenté a été adopté par Nathalie. Ils pourraient être intéressants si notre concept de méga-rotule ne convenait finalement pas à l’usage.

Comme d’habitude pour modifier le dossier, il faudra au préalable en faire une copie dans votre espace personnel, dossier que vous pourrez ensuite modifier à souhaits, notamment pour adapter le Walking Stick Socket à votre emboîtement cible.

 

Principe du Walking Stick Socket

Pour les mécaniciens, le principe ressemblerait à une mega rotule L’hotellier !! (voir google search). Nous positionnons l’emboîtement contenant la main au centre d’une sphère (théorique) dont le centre de gravité surplombera l’axe du bâton. Le premier besoin fonctionnel est résolu, le marcheur va pouvoir s’appuyer sur le bâton sans créer de porte à faux.

Une fois de plus l’emboîtement est l’héritage d’un autre projet que nous avions décrit dans notre article : https://www.gre-nable.fr/creation-dun-multi-tool-holder/

Dans le cas présent, l’emboîtement est noyé dans une sphère, qu’on découpe latéralement avec des boolean remove car il n’est pas nécessaire d’avoir une sphère complète.

 

 

Si l’emboîtement est une sphère, alors le système de maintien du bâton aura une cavité sphérique qui englobera la sphère de l’emboîtement. L’intérieur de la sphère est réalisé par un offset de la surface de quelques dixièmes de mm, puis avec un ‘thickness’ (épaississage) de 5mm, la coque est créée.

La coque est coupée horizontalement en deux coquilles, puis articulée à l’arrière par des charnières dans lesquelles passera la vis servant de maintien et d’axe de rotation (M4x55).

 

La coquille du bas va recevoir le bâton de marche, les guides du sytème de serrage des deux coques et le verrou de serrage.

Compte tenu des forces en présence, transmises par la main sur le bâton, les coques seront imprimées sur le côté, pour que le trajet du PLA soit le plus résistant aux prsssions exercées. Il faut donc éviter de l’imprimer avec les cercles du support de bâton en position horizontale.

Les deux coques sont ouvertes. Cela permet de vérifier les charnières, les états de surface des globes de réception de l’emboîtement sphérique. 

 

L’emboîtement sphérique est inséré entre les deux coques. L’emboîtement est libre en rotation selon x et y, sans contraintes. La rotation selon l’axe horizontal autorisera les mouvements du bras pendant la marche. 

Fermeture des coques

Pour le premier prototype, nous avons expérimenté un ressort type pince à linge ! Fonctionnellement c’était adapté au besoin de fermeture des coques, mais la force appliquée sur la coque supérieure n’était pas suffisante pour bien maitriser le mouvement du bâton.

Donc le deuxième prototype a été conçu avec une fermeture par sandow de diamètre 5 mm. La tension du sandow est ajustable pour permettre la tenue de l’emboîtement, sa rotation lors de la marche, et un échappement en cas de chute.

 

Blocage des sandows.

Restait à trouver le système de blocage des sandows et le blocage « hacké » d’une veste de sport a parfaitement tenu son rôle.

Si on ne veut pas enlever l’élément d’un vêtement, le système est disponible chez aliexpress (fr.aliexpress.com/item/32709198166.html) pour la modique somme de 64 centimes les 10 unités !!

L’Essayer c’est l’adopter

Pas eu le temps d’imprimer une version dite ‘livrable’, Nathalie a adopté le prototype V3 tel quel et n’a plus voulu le lâcher.

Nous attendons des photos in situ pendant ses recherches de champignons.

 

Porte Couteau pour Enfant

Porte Couteau pour Enfant

Le Contexte

Lina est une petite fille de 5 ans lorsque nous l’avons rencontrée pour la première fois. Elle est née avec une main droite mal formée, équipée de deux doigts. L’un d’entre eux est faible. Elle ne peut pas plier ses deux doigts, mais seulement les déplacer latéralement comme une sorte de pince à bec effilé. Et elle est très à l’aise pour la plupart des activités de la vie quotidienne … à l’exception de certaines actions qu’elle ne peut pas accomplir. Et un exemple est la tenue d’un couteau. Ses parents ont l’habitude de l’aider à couper, et elle est habituée à pousser du riz vers sa fourchette (qui est manipulée de la main gauche) avec ses deux doigts.

Mais maintenant, qu’elle doit déjeuner à l’école, ou parfois au restaurant, elle ne se sent probablement pas très à l’aise devant les autres enfants. C’est ainsi qu’Eric, son père, demande à la communauté e-Nable si quelqu’un peut l’aider à développer une solution porte-couteau pour Lina.

 

Modélisation de l’emboitement adapté

Après une première rencontre avec Lina et Eric, nous estimons qu’une main e-Nable standard ne peut pas répondre aux besoins spécifiques de Lina et nous décidons de développer un porte-couteau entièrement dédié à ce besoin. Il s’agira d’un emboitement adapté (socket) dans lequel Lina pourra insérer sa main droite et sur sa partie inférieure, des supports spécifiques permettant de fixer différents types de couteaux.

Moulage de la main

La première opération de notre intervention consiste à obtenir un modèle de la main de Lina. Ceci est fait en moulant sa main dans de l’Alginate rose pour obtenir ensuite une copie positive en plâtre.

Modification du profil de la main moulée

Malencontreusement, pendant la coulée de l’alginate, elle a plié son poignet. Après le processus de numérisation 3D et de rétro-ingénierie qui aboutit à un modèle numérique propre, l’opération suivante a été d’obtenir un modèle approprié utilisable pour créer un emboitement confortable. Ce travail a consisté à déplier le modèle CAO pour redresser les doigts. Ceci est effectué grâce à une fonction spécifique de « flexion » disponible dans SolidWorks. Cela permet d’aligner la main sur l’avant-bras et de rapprocher les deux doigts.

Design de l’emboitement

L’étape suivante consiste à concevoir l’emboitement (socket) en utilisant notre logiciel de CAO collaboratif, Onshape, pour dessiner quelques sections et construire un « loft » qui correspond approximativement à la main de Lina. Ensuite, deux opérations de surfaces décalées conduisent aux formes intérieure et extérieure de l’emboitement, avec un espacement de 3 mm dédié à un tissu 3D confortable, capable d’absorber l’humidité et pouvant être facilement enlevé pour le lavage.

Conception du porte couteau

Pour être pleinement compatibles avec les couteaux utilisés par Lina, nous avons demandé à Eric, le père de lina, de fournir les deux modèles de couteaux utilisés à la maison : le « couteau à pousser » et le « couteau à couper ». Le père ayant des compétences en CAO, il s’est chargé de concevoir les modèles numériques des deux couteaux.

 

Nous avons ensuite imaginé de tenir le manche du couteau dans une pièce souple et interchangeable qui convient aux deux types de couteaux et d’ajouter une simple fente pour centrer et maintenir la lame. Dans le premier prototype, la lame était attachée avec une sangle adaptative en velcro (ID-Scratch).

Après validation de l’orientation et de la position du couteau par Lina, le bracelet a été remplacé pour la deuxième version par un simple aimant en néodyme. Vous trouverez ci-dessous une photo de la première version testée (couteau poussant) et plusieurs vues CAO de la dernière version.

Et ensuite …

Lina est heureuse, elle peut manger sans demander de l’aide à ses camarades de classe;

Eric est heureux, Lina mange maintenant sans pousser les nouilles avec les doigts.

Eric nous a demandé conseil et support car (et c’est aussi une bonne nouvelle!) il est en train d’apprendre à concevoir avec Onshape. Il a déjà réalisé un nouvel insert (la partie bleue sur les captures d’écran ci-dessus) qui conviendra à un autre manche de couteau.
Et il a acheté une imprimante 3D et nous espérons qu’il deviendra un nouveau maker dans la communauté e-Nable France 🙂

Les modèles CAO sont disponibles pour inspiration, l’adaptation à d’autres cas et, espérons-le, pour des améliorations sous cad.onshape.com. Si vous avez un compte (gratuit pour les activités à but non lucratif), il vous suffit de rechercher « Team Gre- Nable: knife_holder « parmi les modèles publics.

Nous sommes toujours intéressés de savoir si vous concevez une adaptation de notre design. faites le nous savoir via le formulaire de contact!

 

Une aide pour un p’tit loup: une flexi-hand sur-mesure

Une aide pour un p’tit loup: une flexi-hand sur-mesure

Intro: un appareil – plusieurs objectifs

Noé

Noé est un petit garçon de 6 ans atteint d’une agénésie particulière à la main droite, qu’il appelle son « petit loup ». Plein de vie, il adore l’école, les dessins animés de Walt Disney et les animaux. 

Petit à petit, il prend conscience de sa différence par rapport aux autres enfants et souhaite lui aussi avoir une main de super héros E-nable.

Sur cette main (fig. 1):

  • Un bourgeon de pouce s’est développé. L’articulation associée à ce bourgeon est fonctionnelle et doit être considérée dans la conception de son appareil car Noé s’en sert au quotidien.
  • Les ongles des quatre autres doigts sont apparents. Ceux-ci sont sensibles et devront donc être protégés lors de l’équipement de l’appareil.

Fig. 1: Photo des mains de Noé. La main droite est celle atteinte d’agénésie. On peut observer le bourgeon de pouce fonctionnel et les ongles des quatre autres doigts. Sa main gauche va nous permettre de concevoir un appareil aux dimensions proches.

Notre point de départ

L’agénésie particulière de Noé ne nous permet pas d’utiliser et de mettre à l’échelle les appareils E-nable classiques (Raptor ou Phoenix). Un appareil sur-mesure est nécessaire. La conception de cet appareil nous a servi de prétexte pour remplir d’autres objectifs, formulés à l’issue de précédents travaux pour l’association:

Objectif #1: Le scan 3D pour un appareil confortable

Les outils de scan3D sont de plus en plus accessibles économiquement, performants et facile d’utilisation. Aussi, quitte à concevoir un appareil conservant la mobilité du pouce de Noé, nous voulions tester la possibilité d’intégrer un manchon sur-mesure créé à partir d’un scan 3D de sa main droite. Pour ce faire, nous avons utilisé le scanner 3D Isense (Fig. 2, 3, 4). Vous trouverez la démarche complète ici. A noter que cette démarche n’est pas uniquement entreprise par les membres français de l’association mais aussi au niveau international.

Fig. 2: L’interface utilisateur de L’Isense rend l’utilisation très conviviale. La précision de mesure est de l’ordre du millimètre. C’est suffisant pour nos appareils

Fig. 3: Moule en plâtre de la main droite de Noé

Fig. 4: Version numérique de la main de Noé. C’est la brique de base pour la création d’un manchon sur-mesure.

L’intérêt de cette démarche est double:

  • Ajouter le fait d’avoir une emboîture quasiment sans jeu, qui permet une grande précision et donc une grande efficacité de manipulation de la prothèse, est particulièrement importante lorsque la force et/ou l’amplitude du poignet de l’enfant sont limitées, ou quand la paume résiduelle est très courte.
  • Améliorer le confort pour le porteur de l’appareil. L’utilisation d’un moulage en alginate puis en plâtre permet non seulement de concevoir le manchon sur-mesure mais également d’éviter l’écueil des erreurs de mesures en se basant seulement sur des photos (Fig. 1).

Objectif #2: Phoenix/Raptor vs. Flexi-hand

Les appareils les plus répandus au sein de l’association E-nable sont les modèles Raptor et Phoenix. Créé à partir du logiciel OpenScad, ils présentent le principal avantage d’être complètement paramétrés. La mise à l’échelle en fonction de la taille des mains de chaque enfant s’en trouve facilitée.

Cependant ces mains présentent différents inconvénients, le premier étant celui de la robustesse. Par exemple le rappel élastique qui assure la réouverture des mains phœnix est assuré par des petits élastiques qui doivent être régulièrement changés. Le second inconvénient concerne l’adaptabilité de ces mains. Typiquement, le logiciel OpenScad n’est pas assez « flexible » pour rapidement concevoir un appareil qui permettra à Noé d’utiliser son pouce.

En repartant de la cartographie des appareils E-nable (fig. 5), nous avons choisi une brique de départ différente: la flexi-hand (Fig. 6) et la flexi-hand reloaded (Fig. 7). En voici quelques raisons:

  • Le design est plus ergonomique mais sans être complètement bio-mimétique (contrairement à des modèles orientés plutôt pour les adultes)
  • La flexion des phalanges est assurée par des charnières imprimées en filament flexible: moins de pièces à imprimer et un appareil plus facile à assembler. Autre avantage de ces charnières: il n’y a plus de frottement entre chaque phalange. Le mouvement de préhension s’en trouve facilité et silencieux.
  • Un système de cardan permet de libérer le mouvement d’adduction/abduction du poignet ce qui ajoute un élément de confort non négligeable.
  • Ces designs ont été produits avec des logiciels de CAO type Solidworks, et sont donc plus faciles à modifier.

 

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Fig. 5: Cartographie mondiale des appareils E-nable. Lien vers la cartographie complète ici.

 

Fig. 6: Flexi-hand. Le rappel élastique des phalanges est assuré par des charnières en filament flexibles. Le résultat est une plus grande robustesse en comparaison des élastiques dentaires classiques des appareils raptor ou phoenix. La flexi-hand est aussi plus aboutie en terme de design.Source des fichiers ici.

 

Fig. 7: Flexi-hand reloaded avec libération de l’abduction-adduction du poignet. Source des fichiers ici.

Comme concepteurs, pouvoir d’éditer nos designs précédents permet d’apporter les améliorations apportées à nos précédents projets (voir ici).

  • Plastidip pour le grip au lieu des « doigtiers flexibles »
  • Palonnier,
  • Fingertip en filament flexible pour une préhension en douceur et un grip amélioré.
  • Utilisation d’une mousse lavable et hypoallergénique à l’interface entre la peau et l’appareil,
  • Sangles douces (cuir+ scratch)

Objectif #3: Une conception paramétrée accessible au plus grand nombre

Parmi les différentes solutions de logiciels de design gratuits présents sur le marché, Blender, Fusion360, Onshape et OpenScad présentent des caractéristiques vraiment intéressantes (Fig. 8).

  • Blender permet de dessiner des formes très organiques, idéales pour du biomimétique mais requiert des compétences que nous n’avons pas. De plus, nous ne sommes pas sûr que ces formes soient paramétrables donc faciles à mettre à l’échelle d’un appareil à un autre.
  • A l’inverse OpenScad est défini à partir de paramètres, mais l’usage par un utilisateur non informaticien est peu conviviale, et les géométries modélisables restent limitées à des formes très géométriques.
  • Au milieu on retrouve Fusion360 et OnShape. Le premier est avant tout un logiciel de dessin industriel mais possède également un module de sculpting assez abouti permettant de mettre au point des géométries ergonomiques, voire organique. Le second est plus proche du logiciel de CAO classique, bien que les dernières mises à jour laissent entrevoir un mode de sculpting également.

OnShape et Fusion360 possèdent tous les deux des avantages en termes de design. Ce qui a fait finalement pencher la balance vers OnShape est son mode collaboratif, qui permet de travailler à plusieurs sur un même design en même temps depuis plusieurs pc et localisations géographiques différentes. Vous retrouverez tous ces avantages ici.

choix_logiciel

Fig. 8: choix du logiciel de design pour le projet

Un projet collaboratif

Au delà des aspects techniques de ce projet, il faut également en souligner les aspects collaboratifs entre Noé et sa famille, les membres de l’association ainsi que les deux ergothérapeutes qui se sont succédé dans le suivi du développement de Noé (Fig. 9).

triptyque

Fig. 9: Triptyque patient – ergothérapeute – concepteur

Deux prototypes ont été nécessaires avant d’arriver à la version finale. Ils ont progressivement été améliorés grâce à cette interaction.

Notre objectif global

Toute la démarche présentée ci-dessous illustrera les différentes étapes de conception de cet appareil sur-mesure. Notre objectif global est de permettre à tous les membres de l’association de pouvoir appliquer cette démarche. La limite actuelle étant de générer un scan 3D de la main à équiper.

La démarche est ensuite la même que pour les appareils classiques.

  • Mise à l’échelle de l’appareil,
  • Impression aux couleurs du choix de l’enfant,
  • Assemblage et remise.

La mise à l’échelle se fait pour l’instant sur OnShape, car cela permet non seulement de modifier la taille du manchon mais aussi la largeur et la longueur des doigts. Nous travaillons actuellement à rendre l’interface de mise à l’échelle la plus accessible possible. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des suggestions.

Les différentes versions et améliorations

Tout au long de ce projet, trois versions de l’appareil se sont succédées.

V1: un prototype avant de rencontrer Noé et sa famille

Le premier prototype a été fait à partir d’une mise à l’échelle de la flexi-hand, en se basant sur les mesures de la fig 1 (Fig. 10 – 11). L’objectif était de pouvoir rencontrer Noé et sa famille avec un premier appareil pour évaluer ses capacités motrices (facilité à fermer la main). Au final, malgré un thermoformage du manchon pour que Noé puisse enfiler son appareil, cette première rencontre a surtout permis de confirmer qu’une mise à l’échelle ne permet pas une appropriation rapide et efficace de l’appareil.

Fig. 10: Première version de l’appareil de Noé. Design issu de Thingiverse et rapidement modifié pour correspondre aux dimensions de la main de Noé. Un loup a été ajouté en référence au petit surnom que Noé donne à sa main droite. (vue de dessous).

 

Fig. 11: Même appareil vu de dessus. L’utilisation d’un palonnier en série avec le système de cardan permet à la fois de libérer un degré de liberté de rotation du poignet tout en améliorant la préhension d’objet complexe – typiquement un verre un peu conique.

L’assemblage de cette première version directement issue du fichier source a également mis en évidence quelques défauts:

  • Les emplacements des charnières flexibles engendrent un défaut d’alignement des phalanges,
  • Le système de cardan est trop fin et se déforme en fermant l’appareil,
  • Le loup extrudé sur l’intérieur de la main devra être déporté sur le dessus car se génère une déformation trop importante de la paume quand Noé ferme la main.

V2: Une version sur mesure

La première rencontre avec Noé et sa famille a permis de réaliser un moule en plâtre de sa main droite, qui sera par la suite scanné en 3d (fig 3 et fig 4).

Le délai de livraison du second appareil était très court car Noé voulait le montrer à ses copains avant la fin de la maternelle. Pour livrer dans les temps, nous avons priorisé l’intégration du scan 3D et avons remis à plus tard (car il y allait forcément y avoir une V3 😉 la conception d’une extension de pouce. Afin de livrer rapidement la seconde version de l’appareil, nous avons procédé par booléen du scan 3D. Rapide à faire (24h), cela consiste à fusionner au mieux le design existant avec le scan 3D. De légères modifications ont également été apportées:

  • Le loup n’est plus extrudé sur le manchon mais thermoformé puis collé au dos de l’appareil (Fig. 13),
  • Les couleurs d’impressions ont été choisies par Noé (Fig. 14-15),
  • Nous nous sommes assurés, grâce au moule en plâtre, que la main de Noé pourrait facilement s’insérer dans l’appareil (Fig 12),
  • Les charnières ont été modifiées pour assurer l’alignement des phalanges (Fig. 12).

Ce design démontre qu’il serait possible de partir d’une forme grossière d’un manchon et d’y soustraire un scan 3D pour créer du sur mesure de manière à peu près générique. Cependant, l’utilisation des opérations booléennes rend le design peu compact et figé. De même, la taille des doigts a peu été modifié pour rester homogène avec la taille de la paume. Rapidement, nous nous rendons compte que nous pourrions ajouter un peu d’angle entre chaque doigt afin d’améliorer la préhension d’objets.

 

Fig. 12: Seconde version de l’appareil de Noé. Design mixé avec un scan 3D de la main de Noé afin de la rendre sur-mesure. Le moule en plâtre s’insère bien dans le manchon (vue de dessous).

 

Fig. 13: Même appareil vu de dessus.

 

Fig. 14: Noé et son ptit loup imprimé en 3D

 

Fig. 15: Noé arrive bien à saisir des objets et des personnes.

V3: Version finale

La V2 a ainsi pu être livrée dans les temps et l’appareil a survécu à la cour de récré. Cependant, après quelques jours d’utilisation, le mécanisme de cardan, libérant la rotation du poignet, a été cassé (Fig. 16). L’erreur vient du sens d’impression de la pièce (Fig. 17). L’orientation du gantelet a toute son importance pour l’impression 3D. A la flexion du poignet, les fils en nylon se tendent pour que l’appareil se ferme. Des contraintes sont générées dans le système de cardan. Si celui-ci est imprimé à plat (comme à gauche), les contraintes peuvent casser le cardan. C’est ce qui s’est passé avec la V2. Si le gantelet est imprimé sur la tranche, la pièce sera plus résistante à ces mêmes contraintes.

Fig. 16: erreur de débutant, le gantelet a été imprimé à plat (fig. 17, à gauche). Or cela crée une fragilité au niveau du système de cardan, où sont localisés les efforts les plus importants… Pour la dernière version, le cardan sera renforcé, et le gantelet imprimé sur la tranche (fig. 17, à droite).

Fig. 17: L’orientation du gantelet a toute son importance pour l’impression 3D. A gauche: impression à plat: fragile devant les efforts appliqués. A droite: impression sur la tranche: solide devant les efforts appliqués.

 

Des échanges avec la nouvelle ergothérapeute de Noé ont également mis en évidence des correctifs à apporter sur la version suivante (Fig. 18 à Fig. 22).

  • Les Fig. 18 et 19 soulignent les limites de l’utilisation d’opérations booléennes dans le design. La fusion du scan 3D avec le design de la flexi-hand reloaded issu de Thingiverse laisse apparaître un espace important. Cet espace était le meilleur compromis pour laisser passer les fils en nylon servant à fermer l’appareil. Dessiner un appareil directement à partir d’un scan permettra de gagner en compacité.
  • Les muscles de la main de Noé sont bien développés. Dans la V2, la base du manchon de l’appareil avait été évasée pour permettre à Noé de l’équiper. Cet évasement a généré un point d’appui avec l’avant-bras de Noé, qui gène la fermeture complète du poignet (Fig. 20).
  • Dans la même logique, l’espace pour que Noé puisse sortir et utiliser son pouce ont été trop agrandi, par précaution. Nous pourrons le réduire dans la V3.
  • Enfin, la taille des doigts devra être diminuée (Fig. 22). Ils avaient été légèrement réduits pour continuer à permettre la préhension d’objet. Mais l’encombrement de la paume verte n’avait pas permis de les réduire plus. Pour la V3, on s’aidera de l’outil Tracker afin de proportionner l’appareil à la taille de la main gauche de Noé (Fig. 23). Dans tous les cas, les doigts resteront néanmoins plus longs que la normale afin de permettre une bonne préhension.

Fig. 18: La fusion entre le design flexi-hand reloaded et le scan 3D laisse apparaître un espace important avec la main, qui n’est que partiellement comblé par la mousse.

Fig. 19: même observation que pour la Fig. 18.

 

Fig. 20: la partie inférieure du manchon nécessite d’être évasé pour ne pas gêner la flexion du poignet.

 

Fig. 21: Afin d’être certain que Noé pourrait bouger librement son pouce, la taille de l’emplacement a été vraiment agrandi. Au final, nous pourrons le réduire un peu.

 

 

Fig. 22: Les doigts sont proportionnés par rapport à la taille de la paume de l’appareil. Une version avec des doigts plus courts avait été testé mais la préhension était mauvaise. La V3, plus compacte permettra de mieux proportionner les doigts par rapport à la main gauche de Noé.

 

Fig. 23: Afin de caler au mieux la longueur des doigts de l’appareil, on repart des photos envoyées par la famille de Noé et on mesure chacune des phalanges avec l’outils Tracker.

 

Dernière étape

Après une nouvelle session coloriage (Fig. 24), on passe finalement de la 2D à la 3D (Fig. 25). La remise finale allant être faite pendant une séance avec son ergothérapeute, nous n’avons pas pris de photo à ce moment là mais juste avant le rangement dans le paquet cadeau (Fig. 26 à Fig. 30). 

La liste et le détail des améliorations est présenté plus bas. La vérification la plus probante a été la possibilité de tenir un verre en verre avec une flexion assez réduite du poignet afin de ne pas trop fatiguer Noé, et ce même sans avoir à utiliser son pouce.

Fig. 24: Pour la dernière version de son appareil, Noé a profité des vacances pour imaginer un nouveau jeu de couleur.

 

Fig. 25: En parallèle, il s’est pris d’affection pour le dessin animé le Roi Lyon et en particulier Rafiki (à croire que le grand singe qui fabrique des trucs en 3D l’a inspiré :-).

 

Fig. 26: envers de la V3. Les liaison en filament flexibles bleu ciel servent aussi à donner un amorti aux phalanges. Recouvert de plasti-dip, le grip en est grandement amélioré.

 

Fig. 27: l’utilisation combiné de plasti dip sur les phalanges et sur la paume, ainsi qu’un design revu et corrigé de la paume permettent une préhension facilité même avec un verre lisse assez lourd.

 

Fig. 28: Idem Fig. 27 avec un autre point du vue.

 

Fig. 29: L’angle de flexion du poignet est suffisamment réduite pour permettre à Noé de tenir des objets sans trop se fatiguer.

 

Fig. 30: la V3 dans son paquet à l’ouverture.

Détail des améliorations apportées

  • doigts pas parallèles pour une meilleure préhension
  • Système de cardan renforcé, fonctionnel et apprécié
  • Flexibone: colonne vertébrale du doigt + flexibilité + grip + facile à assemblé + incassable par rapport aux élastiques dentaires
  • design paramétré, assez biomimétique et sur mesure
  • Partie inférieure du manchon est évasée afin de ne pas contraindre la flexion du poignet et blesser Noé
  • Extension de pouce qui vient s’emboîter sur le bourgeon de Noé.

Conclusion, limites et perspectives

La première version de l’appareil a pu être livrée dans les temps le dernier jour de l’école. Ce jour là, Noé a pu être le héros de la cour de récrée. La seconde version a été livrée vers la rentrée 2018, en présence de l’ergothérapeute qui a pu valider son fonctionnement. Quelques temps plus tard, Noé s’est rendu compte qu’il était plus autonome sans cet appareil plutôt qu’en le portant. Il est maintenant conscient de sa différence mais pas forcément moins habile que les autres enfants. Il peut faire du vélo, et tout plein d’autres activités. L’objectif en ce sens est donc atteint et ce projet fut au final une suite de merveilleux échanges.

Conclusion: Arborescence OnShape du projet – 4 fonctions

Les dernières mises à jour d’OnShape ont permis de structurer le design de chaque pièce par dossier ce qui facilite la lecture d’un design

Fonction 1: Palonnier et gantelet

Rien de particulier à dire car peu modifié à partir du STL. Il faudrait retravailler le réglage de la tension du palonnier.

Fonction 2: Fonction cardan – un poignet libéré, délivré ? 🙂

Idem que pour la F1: peu modifié mais renforcé suite à casse de la première version.

Fonction 3: les doigts

  • Les ongles
  • les phalange tip flex
  • le flexibone
  • le paramétrage facile

Fonction 4: la paume

Arborescence dossiers:

  1. Création d’une paume générique avec position angulaire des doigts
  2. Intégration du scan 3D
  3. Intégration d’un passage de cable nylon pour la préhension
  4. Décoration (optionnel)

Limites

  • Flexion transverses des doigts
  • Nylon apparent, trop fragile pour enfant
  • phalange flexibles moins visibles pour un design adulte
  • doigt plus courts
  • réglages palonnier par vis
  • Faire valider les dimensions (angles, longueurs des doigts, etc.) par des professionnels de santé

Perspectives

Nettoyer le dossier OnShape de Noé mais déjà exploitable en l’état en copiant tel quel.

Version avec pouce intégré à venir

Utilisation d’imprimantes multicolore pour la décoration, plutot que le collage

 

Emboîture pour clavier et écran tactile

Emboîture pour clavier et écran tactile

Projet open source :

Ce développement, comme tous ceux de la Team Gre-Nable, est open source. Nous expliquons dans ces articles pourquoi et comment ils ont été effectués, les raisons de nos choix comme les démarches et les outils employés, et les modèles 3D sont disponibles sous l’environnement Onshape (accès gratuit pour les modèles publics). Le présent développement est accessible sur Onshape dans le document « team Gre-Nable.fr : manchon Jean« .

La situation de Jean… 

Jean est un adulte atteint d’une agénésie du bras droit. Il dispose de son coude et d’un avant-bras d’environ 9cm de longueur, de forme très conique et se terminant par un petit « bourgeon » de chair… qu’il a pris l’habitude d’utiliser entre autres pour accéder aux touches de son clavier d’ordinateur. Et il faut avouer qu’il est impressionnant de « dextérité ». Mais l’usage de plus en plus intensif de l’ordinateur pour son travail finit par le blesser et générer des douleurs dans ce petit « doigt ». Il aimerait donc protéger sa peau tout en conservant la dextérité qu’il a acquise à la manipulation du clavier. Il a déjà consulté deux ou trois professionnels qui lui ont fabriqué des appareils, qui finalement ne lui conviennent pas. Il prend alors contact avec la Team Gre-Nable.

 

Prise d’empreinte

Une séance de moulage à l’alginate permet d’obtenir un modèle en plâtre de l’avant-bras et du coude de Jean. Noter sur l’image ci-dessous les nombreuses bulles qui ont été piégées dans les poils du bras lors du moulage, ce qui génère ces petites « billes » réparties en surface du modèle en plâtre. Celles-ci ont été retirées très facilement avec une lame de cutter. On distingue très bien en partie haute le « doigt » que Jean utilisait jusqu’ici pour taper au clavier de son ordinateur. En partie basse de ce moulage, la légère restriction de section est due à la présence d’un élastique qui avait pour but de marquer clairement la localisation du coude lors du moulage. Cette restriction sera supprimée (lissée) entre l’opération de scanning 3D et la reconstruction du volume CAO.

Modèle en plâtre coulé à partir du moule en alginate.

Comparaison de deux scanners 3D.

Ce modèle en plâtre est numérisé avec un scanner 3D. Nous avons profité de cette occasion pour comparer le scanner iSense (voir aussi  https://3dscanexpert.com/structure-sensor-review-part-1/)  avec un scanner professionnel haut de gamme HandyScan 700 .

Le Handyscan sera considéré comme la référence, avec une précision annoncée bien inférieure à 0,05mm sur ce type d’objet.

Il apparaît que le iSense donne des résultats suffisants pour cette application (précision inférieure à 0,7mm, moyenne autour de 0,5mm)  dans la plupart des zones à faible variation de courbure, par contre, dans les zones plus accidentées, les erreurs peuvent atteindre près de 2mm. Mais puisque nous prévoyons l’insertion d’un gant de confort d’épaisseur de 3mm (tissu 3D bleu visible sur l’image d’entête de cet article à proximité du coude de Jean : la procédure de fabrication ce gant de confort est décrite dans cet article), et que nous pouvons aussi compter sur l’adaptabilité des chairs au contact de l’emboîture, il semble que la qualité du iSense sera suffisante pour numériser ce modèle en plâtre.

Attention, une numérisation directe du bras aurait probablement généré des variations dimensionnelles plus importantes. Nous conserverons le scan précis du Handyscan puisque nous l’avons.

Un modèle CAO volumique sera créé sur la base de cette numérisation 3D, et exporté en format STEP en vue d’une utilisation dans le logiciel Onshape.

 

Modélisation de l’emboîture

Deux nouveaux modèles sont générés grâce au logiciel VXelements (logiciel associé au scanner Handyscan de Creaform), avec des décalages de surfaces de 3mm puis de 5mm. Nous souhaitions tester ces fonctionnalités dans VXelements (et nous en avons été très satisfaits) néanmoins ces décalages de surfaces et la génération des nouveaux volumes auraient pu se faire avec d’autres outils de modélisation, soit sur le modèle STL (avec Meshmixer par exemple), soit sur le modèle STEP reconstruit (Fusion360, Onshape, etc…). Vous pouvez consulter notre article « Création d’un Multi-tool holder » pour un exemple d’utilisation de la fonction « Offset de surface » dans Onshape.

Les trois modèles volumiques obtenus, que nous appellerons « bras« , « bras+3 » et « bras+5 » sont importés dans Onshape au format STEP. Une opération de soustraction volumique entre « bras+3 » et « bras+5 » permet d’obtenir une emboîture avec un épaisseur de 2mm d’épaisseur, distante de 3mm du bras. 

emboiture

Bras et emboîture initiale

 

Dégagement du petit doigt

Un décalage supplémentaire de surface, suivi de quelques découpes et de ré-assemblages de volumes nous permettent à ce stade de dégager un espace en bout d’emboîture, qui évitera le contact entre le doigt de Jean et l’emboîture. Cette protection est l’élément principal du « cahier des charges » qu’il nous a transmis, nous y accordons donc une attention particulière !

Nous ajoutons ensuite un « doigt » artificiel, qui sera muni d’un embout en matière flexible (NinjaFlex ici) pour permettre d’atteindre en douceur les touches du clavier d’ordinateur.

Emboîture et doigt, vue externe.

Préparation du tissus 3D, et place créée pour le doigt de Jean qui ne sera plus blessé.

Emboîture et doigt, vue en coupe.

Tissus 3D : dégagement pour le doigt.

Adaptation pour écran tactile

Jean a probablement comme beaucoup d’entre nous un smartphone ou une tablette avec écran tactile. Pourrait-il profiter de ce doigt artificiel pour manipuler les applis sur ce type d’écran ? 

J’avais étudié cette question il y a quelques mois, et j’étais arrivé à la conclusion que ce devrait être possible. En effet la plupart des écrans tactiles actuels sont capacitifs, et en parlant sans termes trop techniques (que je maîtriserais pas d’ailleurs !) les écrans détectent une variation de potentiel générée par une légère fuite d’électrons lorsque le doigt touche de la surface sensible. Il « suffirait » donc que l’élément terminal (en l’occurrence le tampon à l’extrémité de notre doigt artificiel) soit  relié à une masse électrique suffisante pour se charger électriquement lors du contact. La solution est donc…

  • de percer un petit canal à l’intérieur du doigt artificiel pour y passer un fil électrique souple,
  • de remplacer notre embout imprimé en Ninjaflex par un embout conducteur électrique récupéré sur un stylet de smartphone,
  • et de relier le fil à une masse métallique, ou éventuellement au contact de la peau de l’utilisateur.

Canal dans l’embout pour passage d’un fil électrique

Fil électrique sortant vers l’embout conducteur

L’embout de stylet mis en place

Masse électrique en papier d’aluminium

Fil électrique en tant que masse

L’embout de stylet de smartphone a été pris sur un stylet de ce type.  Les tests montrent que le contact direct avec la peau de l’utilisateur n’est pas nécessaire. Qui plus est, le papier d’aluminium n’est pas indispensable non plus. Le système fonctionne très bien avec seulement un tour de fil dans l’emboîture, fil qui est situé à environ 3mm (l’épaisseur de mousse « tissus 3D » de confort) du bras de Jean. 

Résultat des premiers tests

La deuxième entrevue avec Jean (après la prise d’empreinte) a été vraiment satisfaisante. Il restait à imaginer une manière de bien maintenir l’emboîture proposée autour de son avant-bras. Les premiers tests ont été effectués en plaçant deux morceaux de Velcro adhésif sur le bord de l’emboîture, et en plaçant une autre bande de Velcro autour de son bras. Les vidéos suivantes prises lors de la première minute d’usage dans chaque contexte (clavier et écran tactile) montrent que Jean réussira sans aucun doute à bien s’approprier ce nouvel outil… si ce n’est déjà fait dès ce moment.

 

Premier test de Jean sur son clavier.

Premier essai de Jean sur son écran tactile. Voyez avec quelle fluidité il zoome avec son pouce gauche et son « index » droit !

Maintien de l’emboîture sur le bras

La forme très conique de l’avant bras de Jean ne permet pas un maintien efficace par simple serrage dans cette zone. Les premiers tests ont montré la faisabilité d’un maintien par une sangle autour du bras, mais nous cherchons une solution plus facile à enfiler, et qui éviterait un serrage localisé certainement peu confortable.

Il semble alors que la proposition de Dominick Scalise d’utiliser un manchon en tissus pour certaines prothèses puisse convenir ici. Un premier test est effectué en découpant une chaussette… cela semble bien fonctionner, et nous proposons à Jean, par mail, de tester lui-même cette solution avec l’emboîture qu’il utilise. 

Pendant ce temps, nous proposons aussi une version d’emboîture imprimée en TPU (matériau semi-flexible) plutôt qu’en PLA, afin d’améliorer encore le confort. N’oublions pas que Jean souhaite utiliser cet appareil quotidiennement plusieurs heures par jour. 

Lors de notre troisième entrevue, Jean nous présente la solution de fixation qu’il a trouvée : il a remplacé l’idée de la chaussette par une chevillère (utilisée habituellement en cas d’entorse) qui procure un serrage homogène et très efficace. Il suffit de trouver la bonne dimension, et il utilisera ou non les sangles élastiques complémentaires qui sont livrée avec.  

La version d’emboîture en TPU semble le séduire côté confort, et il envisage d’en réduire la longueur, voire d’y découper une fente sur le côté… ce que nous faisons sur place.

Version imprimée en TPU et fendue. Noter le « gant » en tissus 3D.

Maintien par chevillère (il faudra peut-être utiliser la taille en dessous)